Archives de catégorie : Histoire

Gourbit 1895 – 1900

Au début de 1895 : à la suite de la chute d’une très grosse quantité de neige, les trains s’arrêtent à Tarascon. Il y a de 1,50 à 2 m de neige. De mémoire, on n’avait vu température pareille. La quantité de neige est si considérable qu’on parle de réquisitionner la troupe. (La Dépêche du midi 6/1/1895). Été caniculaire.

Au recensement de 1896 : Gourbit comptait 183 maisons, 176 ménages pour 700 habitants. Trois instituteurs et un curé.

En 1897 : année de grande sécheresse.

AVRIL 1898 : Maire : Galy Étienne. Adjoint : Laguerre Antoine (Pourroutou). Conseillers municipaux : Conte François – Lys Joseph – Builles Bazille – Laguerre Prosper – Galy Joseph – Estèbe Étienne – Ville Lucien – Galy Jean-Baptiste – Laguerre Antoine – Estèbe Jean – Galy François.

MAI 1900 : Maire : Lys Joseph. Adjoint : Laguerre Prosper. Conseillers municipaux : Estèbe Alexis (Toun) – Estèbe Clément – Conte François – Galy François (Tin) – Builles Bazile – Estèbe Henri (Petitot) – Estèbe Louis (Barou) – Galy Fançois (Cabillou) – Buscat Joseph.

Le 21 août 1900 : création d’un tribunal de commerce à Foix. Le conseil municipal de Gourbit considérant que la création de ce tribunal de commerce serait une heureuse innovation et rendrait des services aux négociations est d’avis que le vœu relatif à cette création soit pris en sérieuse considération.

Le 15 septembre 1900 : des jeunes gens de 14 à 15 ans qui excursionnent sur le flanc de la montagne dite de Carnies, voient un orifice de grotte, fermé par des broussailles et y pénètrent aussitôt. Quelle n’est pas leur surprise en découvrant une fabrique de fausse monnaie. Rien n’y manquait, ni les outils, ni la fausse monnaie qui consistait en pièces de 1, 2, 5 F. Le parquet de Foix s’est transporté sur les lieux et a ouvert une enquête (la croix de l’Ariège 16 septembre 1900).

Quand l’Ariège change de siècle, Gourbit change de civilisation. Dans l’impossibilité de nourrir ses trop nombreux enfants, le processus de l’exode se déclenche. Nos montagnards quittent leurs esclops et la capéto pour l’exil et notre village de Gourbit commence à se dépeupler. Où vont nos Gourbitois qui ne peuvent plus vivre au Pays ? Dans les grandes villes, principalement Bordeaux, dans les faïenceries, verreries et usines à gaz. Mais aussi un peu partout dans le monde, en Amérique, Afrique. Il faudra s’habituer à ce que notre village se vide de sa jeunesse. Il faudra oublier le bruit sourd de la forge, de l’eau dans les meules du moulin qui naguère retentissaient dans Gourbit

Gourbit 1891 – 1893

L’hiver 1891 – 1892 : la neige tombée en abondance ces derniers jours, a fait sortir les loups de leurs repaires, s’aventurant dans les rues des villages de la Courbière (l’avenir 22/1/1892).

JUILLET 1893 : Maire : Galy Étienne. Adjoint : Ville Jean-François .

Conseillers municipaux : Lys Joseph – Conte François – Galy François (Tin) – Galy Joseph – Estèbe Jean (Cordonnier) – Estèbe Henri (Petitot) – Galy Jules – Laguerre Antoine (Pourroutou) – Galy Jean-Baptiste (Cabillou) – Laguerre Prosper (Toun).

Le 20 août 1893 : création d’une recette des postes à Rabat à la demande du directeur des postes de l’Ariège. Le conseil municipal accepte de s’y rattacher.

Le 24 août 1893 : grosses pertes subies suite à la sécheresse, le maire adresse au préfet une demande de secours pour les propriétaires indigents, les plus éprouvés.

Gourbit 1889 – 1890

MAI 1889 : Maire : Soulier Auguste. Adjoint : Galy Étienne (Joachin).

Conseillers municipaux : Galy Jules – Builles Étienne (Lourlu) – Builles Jean-François – Estèbe Jean – Estèbe Alexis (Laforce) – Laguerre Paul – Ville Jean-François – Laguerre François – Aubin Flavien (Duc) – Estèbe Jean-Pierre.

Le 25 mai 1889 : pour assurerle traitement du pâtre et les frais d’entretien du troupeau (sel, pain), établissement d’une taxe sur les bêtes à laine de 0,65 F par tête.

En 1890 : hiver long et glacial.

Gourbit 1884 – 1888

MAI 1884 : Maire : Galy Joseph (Andrieu). Adjoint : Goueillé Jean-Louis. Conseillers municipaux : Conte François – Conte Jean-Baptiste (Mache) Laguerre François (Caché) – Laguerre Jean-Baptiste (Toon) – Galy Etienne (Jouassin) – Franc Antoine-Simon – Galy François (Tim) – Ville Achille.

En 1884 : reconnaissance des syndicats.

En 1885 : au service des républicains, un nouvel organe : « La Dépêche de Toulouse » s’affirme en Ariège au coté de « l’Avenir » et de la « République ». Le préfet est la pièce maîtresse pour imposer les réformes voulues par la République. Il a la haute main sur les fonctionnaires et tout particulièrement les instituteurs.

Le 1er juin, arrêté du maire : les débits de boissons de Gourbit seront fermés du 1er avril au 31 octobre à 11 heures du soir et du 1er novembre au 31 mars à 10 heures du soir. Il est défendu aux maîtres de ces établissements de recevoir ou de garder chez eux après les heures fixées sous quelque prétexte qui que ce soit sauf pour prendre gîte. Il est interdit aux cabaretiers de recevoir des gens en état d’ivresse. Ils devront avertir les autorités des scènes qui se passeraient dans leurs établissements : désordre, tapage, disputes, refus de sortir. Il est interdit de tenir dans leurs établissements tous propos ayant trait aux affaires politiques.

En août 1888 : le conseil vote la somme de 6 F à Tactié Mathieu pour encadrer le portrait du président de la République.

MAI 1888 : Maire : Estèbe Émile Jean-Baptiste. Adjoint : Galy Étienne (Joachin). Conseillers municipaux : Soulié Auguste – Estèbe Alexis (Laforce) – Builles Étienne (Lourlu) – Aubin Flavien (Duc) – Estèbe François – Estèbe Jean – Laguerre Paul (Toun) – Ville Jean-François – Laguerre François (Caché) – Builles Jean-François. Le conseil municipal vote une subvention de 30 F pour la fête du 14 juillet.

Gourbit 1880 – 1881

En 1880 : arrêté du maire sur le mode d’exploitation et conditions des coupes affouagères délivrées par le conservateur des Eaux et Forêts : désignation d’un entrepreneur de coupe agréé par le conservatoire des Eaux et Forêts. L’entrepreneur est responsable devant l’administration. Conditions : coupe exploitée en commun avec autant de lots que de feu. Les lots sont délivrés chaque soir par tirage au sort à chaque représentant de famille. Chaque chef de famille doit se rendre pour exploiter le jour indiqué au lieu indiqué (remplacement autorisé en cas d’empêchement) exception pour le garde forestier, curé, instituteur, qui reçoivent chacun leur pile tirée du lot commun.

L’année 1880 marque pour la France la consécration du 14 juillet comme fête nationale en vertu de la loi du 6 juillet promulgué par le sénat. Au premier anniversaire de la chute de la Bastille, des délégués de toutes les régions ont proclamé leur allégeance à une seule communauté nationale pendant la Fête de la Fédération à Paris. C’était ainsi la première fois dans l’histoire qu’un peuple avait réclamé le droit à l’autodétermination. À Gourbit, pour la célébration de la fête nationale, demande de crédit au préfet pour l’achat du drapeau tricolore, de poudre pour des fusées et feu d’artifice. Vote de 15 F + 5 F pour orchestre de 3 musiciens et éclairage.

JANVIER 1881 : Maire : Galy Joseph (Andrieu). Adjoint : Goueillé Jean-Louis. Conseillers municipaux : Soulié Auguste (Grellat) – Conte François – Laguerre Antoine (Pourouton) – Laguerre François (Caché) – Estèbe Jean-Napoléon – Ville François – Laguerre Jean-Baptiste – Estèbe Henri (Petitot) – Prat Jean-Pierre – Conte Jean-Baptiste.

Le 26 juin 1881 : vote par le conseil municipal de la somme de 40 F pour célébrer la fête nationale du 14 juillet.

Petite histoire du clocher de Notre Dame de Sabart (Ariège) –

Robert-Félix Vicente

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– Petite histoire du clocher de Notre Dame de Sabart (Ariège) –

La construction de la façade surmontée du campanile commencée en mars 1867, fut terminée en 1870. Au côté sud du campanile, on peut voir cette inscription lapidaire :  » l’an 1870 Mgr Bélaval étant évêque de Pamiers et le révérend père Pérez du diocèse de Tarbes étant supérieur des missionnaires ».

C’est le genre de clocher fortifiés, d’inspiration XVème siècle, avec mâchicoulis et créneaux. Deux grands arceaux plein cintre attirent l’attention. L’arceau inférieur se développe majestueusement au-dessus de la porte d’entrée. L’arceau supérieur encadre une grande fenêtre géminée.

Le plan élaboré par le révérend père Pérez et par M. Morel, ancien notaire à St-Girons, fut dressé par Mr. de Coma, architecte diocésain. Les travaux furent menés à bonne fin par les soins de Mr. Pédoya, peintre de Monseron (Ariège) et de Mr. Ricard son neveu. Cette restauration coûta un peu plus de 13000 francs.

Un joyeux carillon harmonisé fut bientôt installé pour chanter les louanges de la reine de la Victoire et accompagner de nombreux cantiques. Douze cloches, fondues et sorties des ateliers de Pélegrin, successeur et gendre de Louison de Toulouse, furent bénies le 26 juillet 1870, par Peyrat, archiprêtre de Foix. A cette occasion, l’abbé Delcurrou, professeur de morale au grand séminaire de Pamiers, prononça un remarquable discours de circonstance. Chacune des 12 cloches à un nom et porte gravés les noms de ses parrain et marraine. La dépense s’éleva environ à 5000 francs. Voici une partie des inscriptions qu’il a été possible de relever sur les deux plus grosses :

1/ Santa maria virgo Immaculata ora pro nobis …anno domini 1870

2/ Mater Santae Spei ora pro nobis …Marguerite Pommies marraine … anno domini 1870

Au sommet du campanile en pierre de taille repose une grande statue de l’Immaculée Conception, aux bras tendus vers le ciel et couronnée d’un nimbe de douze étoiles (don de la marquise de Villeneuve de Faudous, de Toulouse)…By Tarusco.

1 jour – 1 légende

de Paulette Laguerre

         La seigneurie de Rabat

Les Anciens avaient une originalité, ils racontaient aux veillées beaucoup d’histoires sur les seigneurs et leurs guerres, sur les invasions arabes. Toujours pigmentées par cet esprit virulent, contre le puissant envers ses serfs. Ils agrémentaient ces récits d’expressions patoises autour de l’âtre. Tandis que se consumaient les grosses bûches ou « Hestelles » de hêtre ou de frêne, sous le manteau de la bonne vieille cheminée. Les enfants assis sur les genoux du père ou du grand-père, les écoutaient en silence.

Un cop !

Alors que nous prenions les premiers rayons printaniers dans la cour, papi m’annonça en me montrant un point dans la montagne :

 — Cet été, nous irons effectuer une belle  excursion. Je t’emmènerais  escalader ce  grand pic, la-haut, celui en forme de pyramide avec son capuchon de neige. « Le Pic des Trois Seigneurs ». Chacune de ses trois faces regarde une vallée : Suc au Midi, Rabat au Nord et Massat au couchant. C’est la cime la plus haute de la chaîne, elle culmine à plus de 2100m. Certains prétendent  que du haut de ce pic, par très beau temps on peut apercevoir le pont des Demoiselles de Toulouse.

— Papi ! Ce pic a-t-il une légende ? Demandais-je.

—Bien sûr qu’oui.  Ce pic à  aussi une belle légende, je te la raconterais ce soir à la veillée.

La légende du pic des Trois Seigneurs

Imaginez ! les enfants, nous sommes au moyen âge ; avant l’an mille. Nos vallées étaient défendues par des châteaux. Pas des châteaux forts de pierre, ils sont venus plus tard, non ceux de cette époque étaient constitués  d’une tour de bois, érigées sur une butte, entourée de palissades et d’un fossé enjambé par un pont-levis. Ils étaient faciles à bâtir, mais vulnérables au feu. Ceux placés au sommet d’une montagne étaient à l’origine des postes de gardes. Le village de Gorbit  dépendait de celui  Rabat.

Parmi les occupations de ces seigneurs et de leurs chevaliers, priorité était donnée à la guerre, leur épée ne les quittait pas. A cette époque des luttes sanglantes, les mettaient aux prises car certains châteaux dépendaient du comté Carcassonne, les autres de Toulouse, et même  de Barcelone. Ces seigneurs étaient de véritables souverains sur leurs territoires, ils faisaient la guerre, levaient des impôts, rendaient la justice et battaient monnaie.

En ce temps là, les mœurs de ses seigneurs étaient d’une brutalité féroce. Ceux de chez nous ne se différenciaient pas des autres. Grands querelleurs, belliqueux, ce n’était que chicane entre eux, pour un bois, des pâturages,  une femme. Ils étendaient parfois leur pouvoir bien au-delà  des limites de leur seigneurie. Ils obligeaient  leurs paysans à les suivre dans leurs expéditions. L’église essaya d’atténuer leur violence sans grand succès.

Mais revenons à notre légende. Dans la seigneurie de Rabat, Les vallées sont verdoyantes, dans les alpages, la vie pastorale est vivace. Mais malheureusement trop souvent les troupeaux sont volés et les récoltes pillées par des seigneurs voisins. Trois puissants châtelains se disputaient à l’époque les terres du Sabarthes; le seigneur de Rabat, le sire de Quié et le Baron de Massat. Ils se livraient à tour de rôle à des pillages chez  leurs voisins, créant chez leurs pauvres sujets de grandes famines et épidémies.

Cela dura des années et des années, jusqu’au jour, où un bruit se répandit, «un évêque  avait reçu de Dieu une vision » : l’ordre de prêcher l’oubli de toutes haines et le rétablissement de la paix. Quand il passa dans notre pays, il rencontra le comte de Foix, et les seigneurs de son comté. L’homme d’église les convainquit de signer un pacte de paix au nom de «Dieu » pour le bien de tous.    

Et pour le bonheur de nos ancêtres cela se réalisa. On approchait de l’automne, les montagnes prenaient des couleurs, rouges, jaune. De bon matin les seigneurs  partirent signer cette  paix demandée par Dieu sur un pic à la croisée de leurs trois vallées. Celui de Rabat emprunta les sauvages gorges de la Courbière, le baron de Massat franchit le col de Port  et le dernier la belle verdoyante vallée du Vicdessos. Puis  ils grimpèrent jusqu’au sommet, afin d’avoir une vue d’ensemble de la région. Là près du ciel, ils procédèrent au partage équitable des terres.

Afin de fêter dignement leur entente, ils convinrent de faire un festin sur place, ils firent apporter trois roches en guise de fauteuils et une quatrième plate pour servir de table. Puis leurs chapelains réciproques bénirent ce lieu et lui donnèrent le nom du : pic des Trois Seigneurs.

Si un jour, vous escaladez ce pic, au sommet sur une petite plate-forme, vous pourrez y voir encore, ces quatre roches et une croix.

1 Jour – 1 Légende

La source des Gours

Sans eau, l’homme ne pourrait pas vivre. C’est pour cette raison, que les civilisations, les religions ont toujours donné aux sources qui naissent de la Terre un caractère mythique. Qu’elle tombe du ciel, qu’elle jaillisse de la terre, qu’elle coule sur une pente, l’eau est l’objet de vénération, depuis les temps les plus anciens. Voilà une légende de chez nous s’y rapporte.

La légende du Génie de la source des Gours

Les fontaines ont été peuplées de génies, de fées, de magiciens, de sorciers, de héros, de saints et de saintes… Nos sources de montagnes ne faillirent  pas à la tradition.

Henriette, habitait le haut du village, la jeune fille,  devait tous les jours commencer sa journée en allant puiser une cruche d’eau à la source des Gours. Le plus dur était de  remonter, le récipient plein, car la montée de l’église  était abrupte. 

Un Cop ! (Un jour), elle aperçut un génie de l’eau assis sur une pierre près de la source.  A sa vue, Henriette eut  peur, car ces génies,  avaient très mauvais caractères  il ne fallait surtout pas les contrarier, ni se plaindre de la température de l’eau, ni les insulter car ils asséchaient la source. Cependant elle remplit sa cruche sans prononcer un mot, alors qu’elle se relevait, le génie de l’eau  lui dit :

  • Voulez-vous que je vous aide à mettre cette cruche sur votre tête, la belle ?
  • Non merci ! Je n’ai  besoin de personnes.

En disant cela la servante posa prestement la cruche sur sa tête et s’en alla sans regarder derrière elle. Elle craignait qu’il ne lui jette quelques sorts.

Le lendemain matin et les matins suivants, elle aperçut encore le génie assis et chaque fois il lui renouvelait l’offre de l’aider ; chaque fois aussi elle refusait.

Mais peu à peu elle s’habitua à le voir et eut  moins peur de lui. Un matin tandis qu’il lui répétait son offre :

—Voulez-vous que je vous aide à mettre cette cruche sur votre tête  la belle ? Elle répondit en souriant :

—  Bien volontiers, c’est tellement lourd

Le génie  se leva tout satisfait, posa bien légèrement la cruche où il fallait, puis montra à la servante une pierre plate au bord de la fontaine :

— Regarder sous cette pierre, toutes les fois que vous viendrez puiser de l’eau, lui dit-il, vous y trouverez quelque chose pour vous, dont il vous est défendu d’en parler à quiconque.

Le lendemain la servante n’aperçut pas le génie assis au bord de la fontaine, cela lui donna toute liberté de contenter sa curiosité. Elle souleva la pierre, et trouva sous la pierre une pièce en or. Et tous les jours qui suivirent, il y eut sous la pierre une nouvelle pièce d’or, si bien qu’en peu de temps la jeune servante se trouva riche. Elle acheta une chaîne d’or, des boucles d’oreilles pour se parer les dimanches. Les voisins commencèrent à jaser. Les maîtres surveillaient la servante, et prirent avec elle des précautions. Mais les précautions n’emmenèrent aucune fâcheuse découverte. L’honnêteté de la jeune fille rendait un compte exact des dépenses du ménage et rien ne se perdait à la maison. Mais puisqu’elle n’était pas voleuse, il devait  donc être une mauvaise fille : car jasaient les voisins, d’où viendrait cette bague qu’elle vient encore d’acheter ?

Les villageois lui rendirent la vie si dure, qu’à la fin elle raconta d’où venait  son argent.

Ce fut la fin de sa fortune, elle eut beau regarder tous les jours sous la pierre, elle n’y trouva plus de pièce d’or.

Il est de notoriété publique qu’il ne faut pas insulter l’eau des fontaines ou des puits sous peine de la voir disparaître. La Fuente Gloriosa en Aragon se serait arrêtée de couler pendant sept ans à la suite de blasphèmes proférés à son encontre. Les vieux ariégeois invitaient les étrangers à offrir au torrent une pièce d’argent ou une fleur afin de leur attirer la chance.

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1 jour – La préhistoire

article paru sur l’avenir

Les femmes préhistoriques étaient-elles plus grandes que les hommes ? – L’Avenir (lavenir.net)

Les femmes préhistoriques étaient-elles plus grandes que les hommes ?

Question de Tania: On a entendu dire dans les médias qu’à la préhistoire, les hommes et les femmes occupaient des fonctions similaires. Est-ce qu’alors, les femmes et les hommes avaient un physique proche ? Comment et pourquoi est-ce que ça a évolué ?

Anne Sandront

Anne SandrontJournaliste

C’est Sébastien Villotte qui répond à votre question est anthropologue, Chargé de Recherche CNRS et professeur invité à l’ULiège. Sa spécialité: les différences hommes-femmes, ou le dimorphisme sexuel, au niveau du squelette, notamment crânien.

Il commence par remettre les faits sur une ligne du temps: « La préhistoire couvre une vaste période chronologique: plusieurs millions d’années ! Elle a vu de nombreuses populations avec des proportions corporelles bien différentes, et vraisemblablement des dimorphismes sexuels plus ou moins marqués. »

« Et puis, rappelle-t-il, la préhistoire couvre également des périodes récentes (fin du Mésolithique et Néolithique notamment) où les modes de vie étaient très différents des périodes précédentes. Par ailleurs, pour de nombreuses régions et périodes, on ne dispose pas de squelettes bien sexés, voir pas de squelettes tout court. »

La femme, pas plus grande que l’homme

« Je ne connais pas de groupes humains préhistoriques ou les sujets féminins seraient plus grands que les sujets masculins, en moyenne. » Mais si en moyenne, les femmes n’étaient probablement pas plus grandes que les hommes, « cela n’interdit évidemment pas d’avoir des sujets masculins plus petits que des sujets féminins, comme dans les groupes humains actuels« .

L’anthropologue explique ainsi qu’au début du Paléolithique supérieur – une longue période, avec de nombreux groupes d’humains assez différents sur le plan génétique –, la stature moyenne était d’environ 172 cm pour les hommes et 165 cm pour les femmes, tandis: environ 165 cm. Il précise: « Il s’agit d’approximations, l’estimation de la stature est associée à de nombreuses erreurs. Par ailleurs les échantillons, surtout féminins sont réduits : on a seulement une dizaine d’individus. « 

La différence notable entre les deux périodes est vraisemblablement associée des « pools génétiques différents« . « Pour la masse, je préfère ne pas donner de chiffres, car les estimations sont vraiment associées à des erreurs énormes et les méthodes sont simplement mauvaises pour estimer la masse à partir du squelette. »

« Concernant la robustesse, pour les périodes récentes – Paléolithique supérieur, Mésolithique, Néolithique-, les femmes tendent à être robuste, voir très robuste, comparativement à des individus actuels. Elles ont tendance à être légèrement moins »robustes »que les hommes des mêmes périodes, mais c’est rarement des différences flagrantes. » Mais il ajoute que la robustesse est un terme assez flou, il recouvre pas mal de choses suivant les études et les auteurs.

Les femmes ne chassaient pas ?

« C’est un vaste débat. Pour les périodes récentes – Paléolithique supérieur, Mésolithique, Néolithique-, on observe des différences hommes/femmes concernant l’asymétrie de robustesse des membres supérieurs et la présence unilatérale de lésions au niveau du coude qui semblent pointer vers une division des tâches. »

Selon lui, les hommes, ou au moins certains hommes, semblent avoir été beaucoup plus fréquemment impliqués que les femmes dans des activités unimanuelles. « L’hypothèse la plus souvent formulée est qu’il s’agissait d’activités cynégétiques impliquant l’utilisation d’armes perforantes. Les femmes semblent avoir été plus fréquemment impliquées dans des activités physiques assez intenses, soit diverses, soit impliquant les deux membres supérieurs. Les interprétations sont plus limitées car l’absence d’asymétrie est plus difficile à interpréter.« 

1 Jour – 1 Légende

texte de Paulette Laguerre

La légende du secret du boiteux

Un  enfant du village, un peu disgracié par la nature, possédant une jambe plus courte que l’autre, sortit une nuit et rencontra des Fàdos.  Pour ceux qui ne sont pas de la région,  il faut savoir que ces génies de l’eau ou les lavandières de la nuit, se présentaient aux jeunes hommes sous la forme de belles jeunes filles. D’après mon grand-père, les habitants du village avaient des avis  partagés sur génies.  Pour les uns : de gentilles filles qui par leur magie rendaient de grands services. Il existait même un lieu au pied du Pujal, vous apportiez à cet endroit du linge sale, sans oublier la gratification, vous pouviez le reprendre le lendemain blanchi et repassé !  Pour les autres «les encantàdos ou fàdos, noms des lavandières de Gourbit ! Les habitants du village croyaient qu’il s’agissait de démons femelles pourvoyeuses de l’enfer, ou des mères infanticides.

Mais revenons au garçon, par son infirmité, il  n’avait pas eu l’heur de leur plaire à une lavandière. Après une danse, elle le  renvoya se coucher. Dès lors, le jouvenceau n’aspira plus qu’à la revoir. Il allait le regard perdu, ne s’intéressant à rien. Sur les chemins on s’écartait de lui en disant pitoyablement : « es enfadat! », (fou d’amour) embrèichà par la Fàto.

Ces femmes étaient les ennemies jurées des mères du village. Suivant les légendes, à certaines dates elles apparaissaient : les nuits de l’Avent et du Carême, la nuit de la Toussaint ou de pleine lune, aux bords des ruisseaux. Elles prenaient la forme de créatures de rêves et inspiraient les amours les plus fous aux jeunes jouvenceaux, les enveloppaient dans leurs draps et ils disparaissaient à jamais. Cela faisait beaucoup rire les garçons, qui souhaitaient d’en rencontrer une de danser une farandole, avec elles. Ces femmes de la nuit vont jouer un grand rôle dans la suite de mon histoire.

C’était un soir de pleine lune, une des nuits où les lavandières venaient laver leurs draps au ruisseau. Le jeune boiteux toujours amoureux fou de sa Fàdo, se rendit sur la place dans l’espoir que ce soir sa cavalière l’entraînerait encore dans la ronde. Les lavandières étaient déjà là. Tandis qu’il cherchait des yeux sa danseuse, il  entendit des pas, dans le chemin. Il se cacha vite.

Le jeune marié longeait le ruisseau dans la direction de l’oustal du  marchant de tabac. L’esprit un peu embué par les  boissons ingurgitées au cours du repas. Il ne prêta pas attention à certains présages de mauvais augures  croisant son chemin. Tout au contraire, il donna un grand coup de pied au chat noir arrivant sur sa gauche. Il n’entendit même pas les cris de la chouette.

A l’approche de la place, il perçut des murmures de voix, leur timbre était doux à l’oreille, doux comme la brise. Au lieu d’écouter le cri de la chouette qui continuait à lui annoncer une mort prochaine, il franchit le pont attiré par cette mélodie. Il s’avança vers le ruisseau, et s’immobilisa d’étonnement. Dans un halo de lune il aperçut plusieurs belles créatures vêtues de robes d’un blanc immaculé, penchées sur l’eau, leurs longs cheveux  flottaient autour d’elles. A genoux, elles lavaient une longue pièce de tissu, leurs battoirs en or  rythmaient un chant étrange et envoûtant. A cet instant, le jeune  marié  aurait du rebrousser vite son chemin, il avait une encore une chance, les Fàdos ne l’avaient pas encore vu. Mais il n’en fit rien, comme un aimant, il se sentait attiré.

Il voyait enfin ces  lavandières de la nuit. Combien de fois sa mère avait  eut soin de le mettre en garde contre ces charmeuses, qui, par leurs mélopées étranges, ne cherchaient qu’à  attirer les hommes. Malheur au jeune gars curieux qui s’aventurait au crépuscule, dans l’espoir d’entendre leurs chants. S’il était beau, il était vite emporté par ces dames, tout au fond de leur repaire, et jamais vivant ne le revoyait. Il n’en tint pas compte tout au contraire, il s’approcha d’elles.

 Maintenant elles discutaient :

  • Tu as entendu les cloches ce matin. Les jeunes gens seront bientôt tous mariés dans ce village, se lamentait la première.
  • Et ceux qui restent sont vieux et laids. Avec qui danserons-nous ?

Intriguée,  et attiré par le babil de ces belles jeunes filles, François fit quelques pas  de plus pour voir leur visage. Eclairées par la lune formant  un halo jaune autour d’elles, il put admirer la beauté de ces jeunes filles au teint de porcelaine. Jamais dans ses fantasmes il n’avait imaginé des femmes si belles. Avec quelle grâce leurs battoirs en or  rythment maintenant cette mélodie étrange et envoûtante.

Il restait comme pétrifié,  oubliant complètement  tous les récits entendus sur les disparitions d’hommes dut à ces voix enchanteresses. Ces chants, présage de  malheurs qui attendent les imprudents qui se laissent séduire par leur résonance.

Les Lavandières aperçurent  le jeune marié, elles le rassurèrent :

  • N’ai pas peur de nous,  nous sommes les bonnes lavandières de la nuit nous lavons les âmes des pécheurs.

Puis sans lui laisser le temps de réfléchir, elles le  prirent par la main, et  l’entraînèrent dans une ronde folle. La danse terminée, les lavandières disparurent, ne laissant qu’une des leurs. La blonde Fàdo essaya le l’apitoyer :

  • Ah ! Monsieur, je suis si fatiguée et le drap est si lourd ! Auriez-vous la bonté de m’aider à le tordre !

Le marié encore essoufflé par la danse, toujours sous le charme de ces voix  attrapa machinalement le bout du drap.

Tout en tordant le tissu la blonde Fàdo demanda :

  • Comment me trouves-tu ? Suis-je jolie ?
  • Tu es la plus belle femme que j’ai vue, ta voix est si douce.

Heureuse, la Fàdo lança une cascade de petits  rires cristallins. De sa voix ensorcelante elle lui promit :

  • Je te veux à mes côtés, de la mort je peux te préserver, tu régneras sur mon cœur  pour l’éternité… L’amour que j’ai pour toi ne peut se flétrir, au contraire je sais qu’il peut tout conquérir…

François l’esprit embrouillé, ne comprenait pas toutes ces phrases,  tous ces mots nouveaux pour lui pauvre berger. Cette femme l’aimait, un instant il ferma les yeux, tant ce bonheur le ravissait. La Fàdo  profita de ce moment d’inattention pour tordre le drap dans l’autre sens. Aussitôt le suaire s’enroula autour du corps du  marié le ficelant de la tête aux pieds. Il fut entraîné dans le ruisseau. Le boiteux entendit ses os craquer, le suaire le broyait, l’eau devint rouge du sang du pauvre François  Dans un halo de brume, tous les deux disparurent de la vue du jeune boiteux, le guérissant à jamais de son amour, pour les Fàdos de Gourbit. Au petit matin il rentra chez lui, et  garda le silence sur sa nuit. Ce n’est que bien plus tard qu’il confia  son lourd secret à son père.

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