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Gourbit 1936 – 1939

Le 6 novembre 1936 : réunion socialiste à Senes Arget (présence des 3 députés). M. le maire (Laguerre Paul) représente la commune. Le 1er décembre 1936,demande du maire au préfet la permission de réparer les chemins vicinaux afin d’occuper les chômeurs des industries.

19 mars 1937 : arrêté pour interdire la pêche aux étrangers à la commune (vote majorité – une voix (Cabibel)).

En 1937 : pour la première fois en France, le 1er mai, jour de la fête du travail, est chômé et payé. C’est une décision du gouvernement du Front Populaire, au pouvoir depuis 1936. Le 19 mars 1937,les membres du conseil municipal adressent leurs félicitations à M. Durand, ingénieur, pour les travaux d’empierrement sur la chaussée du village. Pour la date anniversaire, le 1er mai 1937 donna lieu à une grande manifestation d’allégresse à Tarascon.

Témoignage : « J’ai accompagné mon père à Tarascon dans le cortège, le poing levé. Malgré les brumes des temps cela ne s’oublie pas ».

En 1937, le maire de Gourbit attire l’attention sur l’utilité de la formation dans la commune d’une subdivision de sapeurs-pompiers. Un effectif de huit hommes M. Vidal jean, Laguerre Henri, Bardon Paul, Galy Toussain, Estèbe François, Estèbe Henri, Galy Henri.

Le 11 octobre 1938 : demande par M. Cassan de l’achat de la vieille mairie. Le conseil considérant que l’immeuble dont il s’agit n’est absolument d’aucune utilité pour la commune et attendu qu’il est possible d’installer les services de la mairie dans une salle disponible des écoles dont la plus grande partie se trouve depuis longtemps inoccupé. Le prix en est fixé à 8 000 F qui servira à l’emprunt de l’électrification de la commune. Hiver glacial.

FÉVRIER 1939 : Maire : Galy Paul (Passole). Adjoint : Blazy Joseph.

Conseillers municipaux : Franc Henri – Rouzoul Joseph (Machicou) – Goueillé Jean-Baptiste – Laguerre Paul – Cabibel Florentin – Estèbe Henri (Pastou) – Galy Henri (Papy) – Rouzoul Irénée – Laguerre François – Builles Étienne.

Le 3 septembre 1939 : déclaration de la guerre avec l’Allemagne.Le 24 septembre 1939, à Gourbit,désignation des membres pour la commission d’accueil aux réfugiés. Le 19 octobre 1939,désignation des membres pour faire partie de la Commission de réquisition des vaches. Le 7 décembre 1939,séance à la mairie avec les habitants de la commune pour mettre en place l’accueil de réfugiés.

1 jour – Artax

En 1937 : l’instituteur René Clastres de Gourbit organise une excursion à l’étang d’Artax. (Journal La Dépêche du 24 juin 1937).

J’invite tous nos amis à prendre part dimanche prochain à l’excursion à l’étang d’Artax. J’ai déjà participé à cette excursion, donc je puis donc vous recommander cette promenade fort belle et peu fatigante, puisqu’elle ne nécessite que deux heures de marche. Le spectacle des monts qui bordent la vallée de la Courbière jusqu’au pic de Saint Barthélémy, le magnifique panorama qui fait face au « roc de la femme » au sud de la vallée du Vicdessos peuvent rivaliser sans peine avec les plus célèbres sites et points de vue pyrénéens.

Du reste, voilà le programme : samedi 26, un groupe de cyclotouristes de la section de Lavelanet arrivera à Gourbit. Des dispositions seront prises pour pouvoir accueillir une centaine de personnes. Les repas seront servis à raison de 8 F par personne. Les lits (à deux places) coûteront 5 F.

Dimanche 27, les groupes de Lavelanet, de la chorale populaire de Pamiers, des amis de l’enfance ouvrière de Pamiers arriveront par cars vers 7 heures.

Départ pour l’Étang d’Artax à 7 heures 15 par Labourguère, le Comtal d’Abal, le Comtal d’Amoun, l’Abezounet et Las Pourcatièros. Ce trajet, presque continuellement en forêt, permet d’atteindre l’étang en deux heures. Petit déjeuner aux Pourcatiéros (des ânes seront mis à la disposition des personnes qui désireront faire transporter les vivres de 10 à 15 personnes et ce transport sera fait à raison de 20 F par bête).

Arrivée à l’étang et visite du refuge édifié par le comité de tourisme de Gourbit.

Trois itinéraires sont prévus pour le retour :

1/ Pour les personnes fatiguées : retour par Las Planetos avec cueillettes de cèpes dans la forêt.

2/ Chemin de ronde de l’étang à la source du col de Lastris (ce chemin n’est pas pénible, il suit la lisière supérieure de la forêt).

3/ L’étang, les crêtes de Lastris, le roc Querquéou, le roc de la Femme, la source du col de Lastris.

Les groupes qui suivront le deuxième et le troisième itinéraire pourront facilement atteindre la source de Lastris avant 13 heures pour y déjeuner à l’ombre, en forêt. Arrivée générale à Gourbit, vers 17 heures.

Réception par la municipalité et le comité de tourisme qui offriront des rafraîchissements. Concert par les musiciens de Lavelanet et la chorale populaire de Pamiers. Bal populaire, jeux divers organisés dans les prairies voisines du village.

Départ de Gourbit vers 19 heures.

Tel est le programme séduisant de cette belle excursion aux neiges éternelles de l’étang maudit d’Artax. Souhaitons que la journée soit propice au coup de sifflet de René Clastres, Si tous ceux qui l’aiment le suivent, la prairie d’Artax risque fort d’être trop petite pour contenir tous ses amis.

J.Mandement.

Gourbit 1878 -1879

JANVIER 1878 : Maire : Carbonne Antoine. Adjoint : Galy Étienne (Joachin). Conseillers municipaux : Builles Jean-Pierre – Builles Étienne – Estèbe François (Chanché) – Galy Joseph (Andrieu) – Franc Antoine(Simour) – Aubin Raneu (Duc) – Laguerre François (Caché) – Estèbe Jean-Napoléon – Builles Gabriel (Clumen) – Ville Achille.

Le 11 avril 1878 : achat de cadres grillagés pour l’affichage des tableaux relatifs aux noms des hommes bons pour le service et de leur affectation. Le 13 mai, demande de rattachement de Gourbit à la poste de Tarascon et non de Saurat raisons évoquées : distance : 8 Km de Tarascon, 20 de Saurat, retard dans le courrier, tarifs plus élevés pour les lettres. Le 15 juillet, il est expressément défendu d’étendre du linge sur les murs ou dans l’enceinte du cimetière et d’y laisser introduire les animaux.

DÉCEMBRE 1878 : Maire : Galy Joseph. Adjoint : Galy Étienne.

Conseillers municipaux Ville Achille – Builles Jean – Builles Gabriel – Franc Antoine – Laguerre François – Builles Étienne – Estèbe Jean-François – Galy Joseph – Aubin Flavien (Duc) – Estèbe Jean-Napoléon.

En 1879 : hiver terrible.

Le 4 mars 1879 : considérant que, dans l’intérêt de sécurité publique et de la libre circulation, il importe de prendre des mesures pour prévenir l’encombrement et les embarras autour des fontaines, dans les rues, passages et lieux publics. Qu’il importe d’assurer, par des précautions convenables, la salubrité des eaux des fontaines et la propreté des rues. Considérant que les réserves qui avoisinent les fontaines sont destinées à servir d’abreuvoirs aux bestiaux et qu’il importe dès lors que l’eau de ces réservoirs ne soit point sale et viciée, il importe également que les bestiaux n’occasionnent aucun mal aux personnes qui vont puiser aux fontaines soit en séjournant autour plus de temps qu’il en faut pour boire soit en s’y rendant sans guide. Il est défendu de laver : linges, légumes et autres objets tel que chaudrons, cruches et ustensiles de cuisines. Il est interdit de mettre des ordures dans les rues et les places publiques, la propreté des rues est laissée à la charge des propriétaires. Été caniculaire.

Gourbit 1934 – 1936

Le 10 mars 1934 : installation du téléphone. Publication par tambour pour la gérance du bureau téléphonique. Le 1er avril 1934,installation du téléphone communal chez Cabibel pour 600 F + l’Assurance Sociale. Le 22 avril, après mésentente du conseil municipal le maire ajourne la question.

Le 8 mars 1935 : demande d’aide de Gourbit au préfet pour calamités publiques suite des dégâts causés par l’ouragan. Le 22 août 1935, M. Laguerre Hyacinthe et Rouzoul Irénée proposent de changer la date de la fête locale. Ils estiment que le deuxième dimanche d’août serait plus propice pour attirer un plus grand nombre d’étrangers et profiter des vacances des enfants de la localité qui ont émigré et retournent au pays de façon saisonnière. Le conseil se range à leur avis : la fête locale aura donc lieu chaque année le deuxième dimanche d’août.

MAI 1936 : Maire : Laguerre Paul. Adjoint : Blazy Joseph. Conseillers municipaux : Franc Henri – Rouzoul Joseph (Machicou) – Goueillé Jean- Baptiste – Galy Paul – Cabibel Florentin – Estèbe Henri (Pastou) – Galy Henri (Papy) – Laguerre Jean-Hyacinthe – Rouzoul Irénée – Laguerre François

En 1936, Gourbit compte 236 habitants.

Le 28 mai 1936 : demande de Goueillé Jean-Baptiste de remettre la fête du village à la Trinité : « rejet ».

En août 1936 : manifestation du front populaire et fête de la paix, défilé à Gourbit, musique en tête assistée de la Municipalité. Recettes : 2 123 F, dépenses : 1 776 F.Le 16 octobre 1936, constitution du comité local en vue de la construction d’un refuge sur les bords de l’étang d’Artax (l’ancien au fond de l’étang maintenant démoli). Le devis des travaux avec la liste des membres du bureau a été envoyé à M. le préfet pour subvention. Une somme de 2 062 F a été recueillie par les membres et 100 F de la commune. Il sera construit par M. Laguerre Hyacinthe.

1 Jour – 1 Légende

La légende de l’étang du Diable

A dessus d’Ambanels se trouvent plusieurs petits étangs, nous les nommons les étangs Bleus.

Le Christ et Saint-Pierre venant d’Artax,  atteignirent le bord d’un de ces étangs. Ils furent surpris par les cris d’une algarade.

Une femme, qui n’était autre qu’une brèicho de la vallée de la Courbière,  se disputant avec le diable son maître.  Le christ tenta en vain de les séparer ; alors Saint-Pierre dégaina et d’un coup d’épée leur trancha à la tête.

Tu as été trop impulsif, lui dit le christ, maintenant répare cela au plus vite, je vais t’aider.

Ils se hâtèrent tant qu’ils soudèrent la tête du diable au corps de la femme et celle de la femme à celui du diable !

         C’est depuis ce temps, assure-t-on, que les femmes ont le diable au corps ! Le diable furieux de la méprise fit basculer une pierre énorme dans l’étang qui prit alors le nom d’étang du diable.

Il y a encore peu  d’années, les bergers évitaient de s’en approcher avec que leurs troupeaux et surtout évitaient de jeter quoi que se fut dans l’eau craignant que cette eau maudite ne provoque des orages.

Gourbit 1929 – 1932

MAI 1929 : Maire : Laguerre Paul. Adjoint : Cabibel Florentin.

Conseillers municipaux : Laguerre François – Franc Baptiste – Goueillé Jean-Baptiste – Builles Joseph – Laguerre François – Blazy Joseph – Estèbe Henri (Pastou) – Rouzoul Joseph – Galy Paul (Passole) – Arabeyre Jules.

En 1929 : M.Ruffier de Lapège demande une exonération de la taxe de pacage pour sa jument (taxe jugée illégale) : refusée. Appel au préfet pour demander cette exonération. La crise de 1929 frappe la région. Les denrées de première nécessité se renchérissent et le chômage sévit. La mine du Rancié ferme en 1931, les hauts fourneaux de Tarascon cessent leurs activités.

En 1929 : la ligne de chemin de fer Toulouse – la Tour de Carol est terminée elle a demandé 80 ans.

Le 2 décembre 1930 : création d’un service d’autobus Rabat – Banat – Gourbit avec prolongation à Tarascon. e 26 mars 1930,le conseil municipal nomme M. Vidal Jean à la surveillance de l’eau, la distribution et les concessions aux particuliers.

En 1930 : le mur de la maison de Pauline Planta menace de s’écrouler d’où danger, renseignement à prendre auprès du juge de paix pour sa démolition.

.Le 12 septembre 1931 : surtaxe pour les chiens. Le 15 octobre 1931,demande du percepteur de Tarascon pour que Gourbit choisisse entre la perception de Saurat ou Tarascon : choix unanime : Tarascon.

Le 18 février 1932 : délibération avec Banat pour une ligne d’autobus « Gourbit – Tarascon ».En 1932,loi sur la généralisation des allocations familiales. Été caniculaire.

Gourbit 1921 – 1926

En 1921, Gourbit compte 346 habitants.

Le 30 juillet 1921 : M. Avid demande l’autorisation d’établir au Pujal « une croix de mission ». Été caniculaire.

Le 21 septembre 1923 : mise en place d’une sablière au quartier de Ribarou sur deux terrains que les propriétaires cédèrent à la commune : 2228A de Pascal Laguerre et 2232A de Builles Joseph Bribou 50 F. L’exploitation d’une carrière de sable permettrait à tous les habitants de mieux entretenir leur demeure. Le 24 septembre 1923, demande d’aide par le préfet pour les victimes de la catastrophe du Japon. Considérant que l’esprit d’humanité est au-dessus de toute considération, décide, malgré le peu de ressources de la commune de Gourbit, de verser la somme de 20 F (terrible tremblement de terre au Japon dans la région de Tokyo Yokchama suivit d’un incendie et d’un raz de marée. 100 000 personnes périssent). Mais transmission des regrets du conseil municipal, car l’initiative du groupement de secours pour le Japon n’a pas un caractère officiel, le gouvernement français laissant ce soin à une organisation particulière, un syndicat de messe parisienne n’ayant pas le droit d’offrir une aide, précieuse certes, au nom du pays et des municipalités.

En 1924 :  ! Le 24 août 1924, achat d’une horloge mécanique à 2 corps de rouages à sonnerie marchant 2 à 4 jours pour 1 900 F + 500 F pour l’installation et la garantie.

MAI 1925 : Maire : Laguerre Paul. Adjoint : Cabibel Florentin. Conseillers municipaux : Builles Sernin – Estèbe Henri – Laguerre Henri – Estèbe Gaston – Arabeyre Jules – Laguerre Alphonse – Malacamp Henri – Galy François – Blazy Joseph – Ville Joseph.

Le 4 mars 1926 : recensement, agent désigné : M. Delpla pour 180 F. Cette même année, mise en vente de la maison commune pour 6 000 F. Le 25 mars 1926,à la demande du maire de Bélesta, la commune de Gourbit donne un avis favorable pour le projet de chemin de fer Mont-Louis – Quillan avec raccord à Bélesta.

Le 10 mai 1926 : acceptation de la demande de M.Cabibel pour un barrage au ruisseau du moulin. Le 21 août 1926, une lettre est adressée au préfet pour demander l’autorisation de détruire les sangliers qui ruinent les récoltes et obligent l’abandon de cultures dans certains champs. Novembre 1926, journées de prestations 9 F pour les hommes et 7 F pour les femmes.

1 Jour – 1 Légende

La légende du trésor de la roche de la Môle

Un cop !

Depuis plusieurs heures Philipou, le petit pâtre cherchait  un petit agneau égaré. A mesure que le temps passé, sa peur du châtiment du maître  grandissait, L’espoir de le retrouver vivant diminuait. Il faut dire qu’à cette époque de l’année, les loups, ours, renards, affamés s’aventuraient certaines nuits, jusqu’aux portes des maisons.

 Alors qu’il descendait du Cardet, Philipou entendit un son de tambourin. Intrigué, il longea les murettes de pierres et se rapprocha à pas furtifs d’où venait cette étrange musique.

D’abord, il n’en crut pas ses yeux, ce qu’il vit le cloua sur place. Portant des torches de poix noires aux flammes tremblantes à la main, des hommes remontaient les prés chevauchant des boucs aux longues cornes.  Des femmes en grandes robes noires arrivaient de la plaine à califourchon sur des balais, des fourches… Tous se dirigeaient vers la roche de la Môle. Là assis, tel  un roi, un homme enveloppé d’une grande cape noire à capuche,  le visage recouvert d’un masque de bouc, recevait les hommages de ses personnes bizarres. En hommage ceux-ci déposaient aux pieds de celui qu’elles semblaient vénérer, des bouquets d’herbes, des plantes, fougère, gui, ciguë.

Ces hommes et femmes chacun à leur tour, faisaient un compte-rendu de leurs actions, des maléfices qu’ils avaient pratiqués ; l’homme bouc les félicitait  d’une façon d’autant plus bienveillante, qu’ils avaient fait plus de mal.

Malgré un sentiment de malaise étrange qui commençait à le gagner, Philippou derrière sa haie de noisetier observait toute la scène, les yeux écarquillés de curiosité.

Un gong résonna.  Tout le monde se rassembla en cercle autour de la roche. Ils se mirent à crier en levant les bras vers le ciel :

  • Ave, Satan ! Ave, Satan !
  • Nous t’invoquons, prince des ténèbres, écoute nos requêtes.

Malheur ! Philippou venait de comprendre, que sans l’avoir voulu, il assistait à une cérémonie de Sabbat et que toutes ces personnes présentes étaient des sorciers et sorcières, et leur maître le Diable.

Philippou voulu s’enfuir, mais ses pieds semblaient avoir pris racine dans le sol. Il ne pouvait arrêter les frissons d’effroi qui parcouraient son corps. Il fit comme sa grand-mère lui recommandait,  un signe de croix pour se protéger et récita plusieurs Pater.

Dans le halo des bougies noires, le grand-prêtre au masque de bouc se leva, et entonna des psalmodies reprisent en cœur par les assistants.

— En ton nom, nous demandons : mort aux faibles, et longue vie aux puissants que nous sommes.

Il prononça dans un murmure,  une formule sans doute magique, car Philippou vit le rocher de la Môle tourner sur lui-même, laissant apparaître un grand trou, une sorte de puits.  Sortant de leurs poches des  bourses, les sorciers et sorcières jetèrent dans la cavité, bon nombre de pièces d’or.

Mais Philippou n’était pas au bout de ses surprises.

Il vit arriver deux hommes tirant une bête par une corde. Le pauvre petite animal roulait des yeux effarés et refusait d’avancer. Il crut défaillir en reconnaissant son agneau. Quand la grande lame s’enfonça dans la gorge de la bête, Philipou dut se mordre la main jusqu’au sang pour ne pas hurler,  car s’il avait été découvert, c’est lui qui  prendrait la place de l’agneau au sacrifice, il en était sûr. Il se couvrit la face de ses mains et pleura son mignon agnelet. Quand il releva les yeux, il vit les sorcières récupérer le sang de l’agneau dans des écuelles d’argent. A  leurs pieds, un chat noir avec des yeux verts et des griffes de lion se délectait de ce nectar.

 Alors commença une étrange cérémonie. Après les offrandes, le temps des réjouissances arriva pour les suppôts du Diable. Dans un murmure grandissant, une procession se forma et tourna autour de la roche.   Les femmes se mirent à danser au son d’un tambourin. D’abord une danse imitant les papillons de nuits, elles bâtaient des bras, puis la danse devint sensuelle, les sorcières s’embrassèrent, pour finir dans une danse… endiablée… hystérique. Elles s’arrachèrent et déchirèrent leurs vêtements. Sous leurs pas des éclairs verts jaillissaient.

La danse se termina au moment où le chant du coq annonça les premières lueurs du jour. L’énorme bloc de pierre, gardien du trésor de la Môle, pivota et reprit lentement sa place. Dérobant pour une année ses trésors aux yeux des hommes. Chacun enfourcha sa monture et  retourna chez lui, comme il était venu, sur un balai ou sur le dos du diable.

Philippou est revenu sur les lieux quelques jours plus tard. Mais en essayant d’ébranler la roche, il fut piqué par une énorme couleuvre de plus de deux mètres de long, sortie d’un trou,  sans doute la gardienne du trésor.

Quand il confia son aventure à ses parents il lui fut répondu :

«Que cela te serve de leçon, sache désormais te défendre des tentations que le Diable sème sur la route des âmes pour mieux les entraîner à leur perte.»

Cette couleuvre existe toujours, on l’aperçoit à chaque fenaison, si l’on fauche  trop près de la roche de la Môle.