Archives de catégorie : Histoire

1 jour – le mariage

Le mariage

Le contrat : Il est passé pour la cérémonie officielle des fiançailles. La fiancée se rend chez le notaire, accompagnée de ses parents et de ses demoiselles d’honneur «  Les dounzélos ».

Sur le contrat sont répertoriés la dot de la jeune fille (argent terres, meubles, trousseau…) Les biens apportés par le jeune homme et la répartition de ces biens en  cas de décès de l’un des époux.

Le trousseau : Le trousseau de la marié se composait de 60 draps de chanvre, 4 à ou 5 habillements, 3 capétes (violette, jaune, rouge) pour garder les bêtes – 3 douzaines de chemise,   des couvertures de bures bleues, blanches – quinze paires de bas tricoté.

Le mobilier et le trousseau de la mariée étaient conduits chez le futur  marié quelques jours avant la noce. Parmi les  meubles transportés on  voyait le lit et une armoire appelée «  cabinet de la nobio » le tout en  pièces détachées. Il y avait aussi une chaise  pour l’église, une quenouille avec son fuseau, parfois un rouet et divers ustensiles pour la future ménagère.

Le trajet était très animé (chanson, histoires griboises). Le fiancé accueillait sa promise et recevait le trousseau. C’est lui qui ajustait séance tenante les bois du lit, puis les « douzélos » préparaient la couche nuptiale. La mère et les jeunes filles rangeaient le linge dans l’armoire.

Le soir, un repas réunissait tous les invités.

La veille du mariage : La veille du mariage,  au domicile de la mariée, les invités entre et ferment à clef. La fiancée  se déguise et se cache. Le fiancé et les jeunes gens sont devant la porte. Les jeunes filles à l’intérieur demandant :

« Tancali era porto »

Les jeunes gens répondent

« Porto uno bero camiso ara nobio, ara nobio…”

Il faut énumérer ainsi tous les habits de la fiancée. A la fin,  le fiancé ouvre et s’écrie :

« Les joueils d’amour t’en porti, nobio »

Tous entrent dans la maison. Les jeunes filles tentent de prendre le chapeau du fiancé que ses amis protègent. Lorsqu’elles ont réussit, les jeunes gens doivent chercher la  fiancée et mettent la maison sens dessus- dessous. La fiancée peut être déguisé en  garçon et se mêler comme les autres pour les recherches ou  en grand’mère et regarder depuis le coin du feu …  

Paulette Laguerre

1 jour – 1 légende

L’encantada du trou de l’Abufanière

Une femme qui habitait le Traoucal avec son mari  avait un petit garçon très malade. Le docteur ne lui laissant plus d’espoir de le sauver, la maman désespérée alla voir une encantada, sorte de fée sorcière qui vivait dans le trou de la Buffarnière.

La fée lui demanda de lui laisser son enfant lui promettant de lui rendre dans quelques jours en bonne santé. Avec confiance la femme lui confia son enfant.

Quelques jours plus tard, la fée l’ayant soit disant guéri, le ramena à la maison de ses  parents.  Mais quel ne fut  leur stupéfaction quand ils s’aperçurent que l’enfant ramené était tout recouvert de  poils !

Les parents crièrent à  l’imposture : en effet la méchante sorcière leur avait amené son propre  garçon,  afin qu’il  l’élève et l’éduque comme leur enfant.

Les paysans de dire rien à l’encantada. Mais le lendemain en se rendant dans leur champ  récolté leurs lentilles,  ils abandonnèrent le berceau près du ruisseau le Riou, et le laissèrent pleurer sans ne lui apporter aucun soin. Ils renouvelèrent la chose plusieurs jours  durant.

 La mère encantada ne pouvant supporter le supplice de son petit garçon, profita d’un moment où les paysans avaient le dos tourné, pour échanger son petit poilu  contre l’enfant malade.

 Chaque enfant  retrouva sa maman et son logis, et jamais plus, l’encantada ne chercha à abandonner son petit.

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Il était une fois dans une modeste chaumière  accolée à la montagne, vers le haut du Sarat, vivaient dans une grande pauvreté un tailleur, avec sa nombreuse famille. La mère de famille répartissait tous les soirs, dans chaque assiette un peu de bouillie de farine.

Profitant que la mère soit sortie pour remplir un seau d’eau à la fontaine, une encantada se glissa dans la maison. Attirée par la bonne odeur de la soupe, elle mangea le contenue d’une assiette et vite disparut par la cheminée.

Ayant prit goût à ce met, elle revint chaque jour, prendre son repas. La mère de famille n’osa pas se plaindre de peur de recevoir quelques mauvais sorts de la fée.

Mais une bouche de plus à nourrir lui posa à la longue, un  gros problème, elle décida alors d’en parler à son mari. Celui-ci lui conseilla :

        – Si elle te demande ton nom, réponds lui,  » Mi Mateisha !  » (moi-même)…, et ce soir, au lieu de mettre notre dîner dans nos assiettes sur la table, rempli des écuelles de cuivre et pose-les sur les braises.

A l’heure habituelle, l’encantada entra et ne voyant aucune écuelle sur la table, étonnée elle demanda à la femme du forgeron :

 – Femme comment t’appelles-tu ?

Celle-ci, sur les conseils de son mari, répondit timidement, la peur au ventre, car on ne savait jamais ce que ces sorcières étaient capable :  

-Mi-Mateisha.

-Où sont passé les assiettes de soupe ?

            La femme du forgeron  montra du doigt l’écuelle dans la cheminée. La sorcière, se précipita sur la coupe de cuivre pour la porter à sa bouche. A peine l’avait-elle dans les mains qu’elle poussa un hurlement de douleur et la lâcha. Folle de rage, elle s’enfuit en criant

– Que m’an Cremat ! Que m’an Cremat ! Que m’an Cremat !

(Elle m’a brûlé ! Elle m’a brûlé !)  et promettant que ses sœurs viendraient bientôt la venger. De retour dans son trou de l’Abufanière, ses compagnes en colère voulurent aller  châtier la femme ayant fait du mal à leur sœur,  elles  demandèrent :

Chi t’ag a fèit ? (Qui te l’as fait)

-Mi Mateisha ! « (Moi-même) répondit la blessée en pleurant.

– Ne t’en prends qu’à toi-même maladroite !  répondirent ses compagnes.

Jamais plus l’encantada ne revint dans la  chaumière de la famille du tailleur leur  voler leur nourriture.

Paulette Laguerre

Le différent Gourbit/Rabat sur les fôrets au 19° siècle

En 1807 : les habitants de Rabat, excédés, organisent une incursion au Débes del Ressec et volent le bois coupé. Nouveau procès. Les gendarmes occupent Rabat durant quinze jours pour trouver les coupables qui ne seront pas identifiés et la commune sera condamnée à leur place.

En 1811 : les communes intentent une action auprès du tribunal de Foix pour faire cesser les coupes au Dèbes del Ressec. Bergasse déclare que ce quartier sera dorénavant mis en défens.

Mais 17 ans plus tard, en 1828, Bergasse recommence les coupes sur le même quartier toujours pour faire du charbon. Les maires de Rabat et Gourbit se rendent sur les lieux et font dresser procès-verbal par le garde champêtre. Le préfet saisi de l’affaire ordonne une enquête des Services des Forêts qui, pour la première fois, signale que les coupes pratiquées peuvent porter préjudice aux habitants alors que jusqu’ici les torts étaient du côté des usagers accusés de prendre le droit de tout faire. La plainte des communes est suivie d’un procès qui aboutit à l’arrêt de l’exploitation en attendant le résultat d’une expertise mandatée par le tribunal et réalisable avant 2 ans. Mais en 1830, l’expertise n’ayant pas eu lieu, Bergasse reprend les coupes de bois. De nouvelles protestations des communes et de nouveaux incidents s’ensuivent.

Tout ceci amène les communes de Gourbit et Rabat à contester la validité de l’acte d’achat de Bergasse. En effet, la loi qui autorisait la vente des biens nationaux précisait que la contenance des biens ainsi vendus devait être inférieure à 300 arpents soit 150 ha. Or les bois et montagnes de Rabat-Gourbit ont une superficie supérieure.

Les communes d’abord déboutées par un arrêté de la cour consulaire reviennent à la charge et obtiennent l’arpentage des forêts. Il est établi que la forêt contient plus de 300 arpents, pourtant la validité de l’acte est reconnue par les consuls.

Le propriétaire avait-il des appuis administratifs pour pouvoir acquérir puis conserver des biens en contradiction avec la loi en vigueur ?

Pour préserver leurs droits, les communes n’hésitent pas à engager des procès et à porter des réclamations auprès des administrations malgré tous les frais à charge que cela entraîne.

Dès 1805, pour mettre fin à ces conflits répétitifs, Bergasse demande au tribunal de contraindre les communes au cantonnement de leurs droits en vertu de 2 lois :

Une loi de 1790 qui autorise les propriétaires à exercer l’action en contournement contre ceux qui ont des droits d’usage sur leurs biens.

Une loi de 1792 qui donne à tout usager la possibilité de faire convertir ses droits en propriété.

Ainsi les usagers deviennent propriétaires d’une partie des biens de Bergasse et perdent les droits sur l’autre partie. Pendant de nombreuses années, cette question revient sur le tapis, mais sans aboutir. Ce n’est qu’en 1830 qu’un accord est signé. Rapidement, Bergasse en demande l’annulation sous prétexte que les maires ont signé sans habilitation de leur conseil municipal puisque aucune délibération les y autorisant n’a été produite. Les conseils municipaux sont réunis et donnent un accord postérieur à la signature des actes. Mais la transaction est annulée.

En 1834 : le tribunal reprend la mise en place du cantonnement. En rapport avec l’importance des droits anciens détenus par les habitants et la population des communes usagères, le tribunal attribue aux communes :

La moitié des bois en valeur.

Les deux tiers des pâturages qui devront former un tout de manière que leur usage n’apporte aucune gêne aux biens restant au propriétaire.

Le tribunal nomme trois experts pour établir l’évaluation basée sur leur position, leur contenance, la fertilité, le produit des bois. Ce jugement paraissait favorable aux communes ; pourtant Gourbit et Rabat firent appel avec autorisation du préfet auprès de la Cour Royale de Toulouse. Elles furent déboutées et le cantonnement fut mis en place en 1835 suivant les clauses du procès de 1834.

Rabat, Gourbit, Bédeilhac, Surba et Banat sont les communes devenues propriétaires. Elles doivent donner les droits d’usage aux autres communes : Génat, Lapège, Illier et Orus.

Les droits des communes propriétaires sont répartis selon les droits anciens et le nombre de feux allumants de chacune : Rabat 44,09 % – Gourbit 28,21 % – Bédeilhac 17,17 % – Surba 7,59 % – Banat 2,94 %.

Les communes ont mis plus de trente ans pour accepter et régler le processus du cantonnement. L’administration n’a pas fait trop d’opposition car la majeure partie des biens était en pâturages et non en bois.

L’ensemble de ces biens communs fut appelé « montagnes indivises ». Il s’étend sur 1 922 ha 60 a 20 ca dont 1 014 ha sur Gourbit.

En 1839,vont s’y ajouter 96 ha 56 a 25 ca de la Garrigue (ce quartier, propriété des seigneurs de Rabat, était devenu propriété de la commune de Rabat à la Révolution sans trop savoir pourquoi) transférées par la commune de Rabat aux montagnes indivises.

Les frais de cantonnement se sont élevés à 4 068,24 F et Gourbit a eu en charge 1 841 F. (Répartition faite suivant étendue des droits et feux allumants).

Une délibération du 9 mai 1840 fait état d’un vote de 400 F par le conseil municipal et les plus hauts imposés pour payer une partie de cette dette.

Ce cantonnement aurait dû amener le calme dans la vallée. Il n’en a rien été. Les habitants des communes continuent les vols de bois dans la propriété de Bergasse. Les communes sont rendues responsables des dégâts causés. Elles réagissent en prenant des arrêtés précisant que tout délinquant sera recherché et dénoncé.

À ces délits s’ajoutent ceux commis par les habitants des communes toujours usagères et en particulier ceux d’Orus qui, au début de chaque hiver entre 1843 et 1849, arrivent par bandes pour emporter bois et fagots dans le quartier de la Dosse sur la commune de Gourbit. Les gardes forestiers avertis des faits sont chassés à coup de pierres. Une plainte est déposée auprès du tribunal de Foix qui ordonne une enquête car les habitants d’Orus persistent à dire qu’ils ont le droit de prélever du bois sur la montagne de Gourbit. Ils seront déboutés en 1848. Ces incursions ont duré une dizaine d’années et furent parfois fois très violentes.

Joseph Véziau dans les carnets Ariégeois rapporte que « dans un affrontement, un homme de Gourbit coupa l’épaule d’un homme d’Orus d’un coup de hache ».

Les gardes forestiers surveillent délits et affrontements pour éviter qu’ils dégénèrent. Il est raconté qu’un homme de Gourbit qui avait eu maille à partir avec le garde forestier suivit ce dernier, l’attaqua et d’un coup de serpe lui trancha la gorge. Une enquête va suivre pour trouver le coupable.

La solidarité villageoise joue à plein lors des perquisitions, le coupable n’est pas dénoncé et, dit-on, les vêtements tachés de sang passent d’une maison à l’autre et restent introuvables.

Ainsi, pendant de nombreuses années, les biens de Bergasse mais aussi ceux des communes sont pillés. 1848 fut l’année des pillages les plus nombreux. Ils saccagent même une grange appartenant à Bergasse située à Embanels et qui est le refuge actuel.

Les dissensions entre les communes se multiplient surtout entre Rabat et Gourbit. En 1858, après l’incendie de Gourbit, les autres communes autorisent les habitants de Gourbit à prendre 100 sapins à la sapinière du Dèbes pour reconstruire les maisons. Mais quelques années plus tard, lorsque Rabat demande 15 sapins pour réparer l’horloge, Gourbit émet un refus qui fait réagir vivement le maire de Rabat. À son tour, la commune de Bédéilhac se verra refuser une demande de sapins par Rabat. Ces refus montrent bien que souvent Gourbit est en désaccord avec les autres communes.

Voici le texte de la délibération du 18 mars 1866 prise au Conseil Municipal de la commune de Gourbit : « M. le président a donné connaissance de la lettre de M. le préfet par laquelle il nous communique la demande formulée par la commune de Rabat des 15 sapins à prendre dans la sapinière indivise de Rabat, Gourbit, Bédeilhac.

Vu que ladite commune de Rabat s’est refusée à une semblable demande formée par la commune de Bédeilhac. Vu qu’elle semble ne s’appliquer qu’à mutiner incessamment les communes circonvoisines qu’elle voudrait gouverner despotiquement. Vu qu’il serait bon une fois pour toute de réprimer son orgueil et ses prétentions, de lui faire ressentir vivement ses torts, de l’engager par la suite à notre égard toute autre ligne de conduite et enfin de lui apprendre que nous ne sommes pas engagés dans ses biens, que nous avons notre amour-propre comme ils ont le leur et qu’on ne saurait point consentir à ce qu’ils s’offusquent impunément. Vu d’ailleurs que nous lui supposons des fonds de caisse, pour preuve l’achat des montagnes qu’elle voulait réaliser à elle seule. Après en avoir mûrement délibéré entre nous, repoussons la demande et répétons les même paroles qu’elle prononça lors de la demande de Bédeilhac. « Ils ont de l’argent, qu’ils achètent »…

Pour sortir de cette situation, Rabat demande au préfet l’autorisation de faire cesser l’indivision. La demande transmise par le préfet aux autres communes sera rejetée par Gourbit en invoquant la gêne pour les troupeaux et les désordres inévitables qui pourraient suivre.

Le préfet, après un rapport d’enquête des Eaux et Forêts, propose une division en deux lots ce qui ne gênerait ni la dépaissance, ni les coupes affouagères. Les communes ne sont pas d’accord.

En 1866 et 1867 : Rabat réitère sa demande et obtient l’autorisation de mettre l’affaire en justice : le tribunal nomme 3 experts qui remettront un rapport sur la valeur des parcelles. 6 ans plus tard, en 1873, Bédeilhac se range à côté de Rabat pour faire cesser l’indivision et un jugement intervient en1900 pour déclarer que l’expertise de 1873 étant incomplète, il faut nommé 3 nouveaux experts pour la reprendre.

Paulette et Juliette Laguerre

1 Jour – 1 Légende

Le bouc et le colporteur

Dans le village, vivait dans une chaumière, une breicho (une méchante sorcière) Les villageois disaient d’elle, qu’elle avait vendu son âme au diable, et même signé un pacte avec le Diable. D’après la rumeur qui courait d’une chaumière à l’autre, elle s’adonnait à la magie noire et à la nécrologie. Certaines nuits de pleine lune, on apercevait des lueurs rouges sortant de sa cheminée, elle faisait la soupe au Diable lui rendant visite, avec des enfants volés.

Ces soirs là, le curé conseillait à ses ouilles de ne pas sortir. Il distribuait des fioles d’eau bénite que l’on portait toujours sur soi.

Un soir de pleine lune, un colporteur étranger au village,  ignorant l’avertissement du curé,  entreprit la montée du Cariet pour se rendre à Gourbit.

Alors qu’il atteignait le pont enjambant le Riou au dessous du moulin, il aperçut un bouc immobile se tenant au beau milieu de la pierre.  I’homme avança et menaça la bête de son bâton pour l’obliger à lui céder le passage.

Nullement troublé, le bouc fit face et se mit à grandir à vue d’œil. Son poil se hérissa et devint couleur de feu. Ses yeux  brillaient comme des flammes. Il se dressa sur ses pattes arrières  et s’abattit sur notre colporteur qui mort de peur, crut sa dernière heure arrivait.

Le bouc lançait par les narines des jets de vapeur soufrées. Le colporteur reconnu avoir affaire au Diable. Sentant que la bête  s’apprêtait à le faire basculer dans le ruisseau,  vite il fit le signe de la croix, et cria neuf fois «  je te doute »

Aussitôt le bouc se transforma en un homme cornu, à la longue queue qui disparut dans un nuage de fumée.

Le pauvre colporteur plus mort que vif, vit ses cheveux devenir plus blanc que la neige en quelques secondes.

Paulette Laguerre

La forêt Gourbitoise sous la révolution

Le 3 juin 1796 : les bois et montagnes de la vallée et la forge de Rabat sont achetés par Jean-Baptiste Bienaimé Saint-André de Tarascon, Jean-François Gomma Cadet de Celles et Georges Bergasse Laziroules de Saurat. Quelques années plus tard, ce dernier restera seul propriétaire. Selon la loi, le prix de vente des montagnes fut établi à partir du revenu net de la propriété et fixé à 13 500 F et la vente réalisée par soumission et non aux enchères. Les biens acquis comprennent :

Les bois et montagnes situés actuellement sur les communes de Rabat et de Gourbit (la délimitation entre les deux communes date de 1792) pour une superficie totale de 3 198 ha dont 1 870 ha 14 a 10 ca sur Rabat et 1 327 ha 85 a 90 ca sur Gourbit. Nous trouvons :

Sur Rabat : la rive gauche de la Courbière (Cou mo d’Ers, la Casto, le roc de Maety, Meutiès, le Cabal, le Planel del Roc, le Ribal del Ressec, Lafouadis.)

La rive droite de la Courbière (Courtal vieil , Stamblaous, la roche Ronde).

Sur Gourbit : Las Lesses, le Courtal vieil, le Teich, Pladonniels, las Planetos, Les Taillades, la Trinquado de Berdu, La Poujado, la Garrigue.

Les droits anciens reconnus aux communes existaient toujours, mais les propriétaires ont changé. Avant 1789, ils n’avaient jamais été source de tensions ou d’affrontements avec les seigneurs. Il n’en sera pas de même avec les nouveaux propriétaires. Les excès de ces derniers, les débordements des usagers, les contestations entre communes vont servir de base à de nombreux incidents et procès pendant près d’un siècle.

Les habitants des communes font des coupes de bois illicites, commettent des délits, dégradent et vandalisent souvent sans tenir compte des droits du propriétaire. Ce dernier, de son côté, déboise pour faire du charbon de bois qui alimentera sa forge de Rabat ou qu’il vendra pour les forges à la catalane qui s’installent de plus en plus en Ariège, faisant naître des craintes chez les habitants qui ont peur de ne plus avoir de bois d’affouage.

Ainsi en 1797 (30 frimaire an V), Bergasse emploie des hommes de Gourbit pour faire du charbon de bois au « Rival del Ressec ». Les gens de Rabat se rendent sur les lieux et attaquent les charbonniers à coups de fusil et de pierres et les obligent à s’enfuir précipitamment. Ils emportent les outils des ouvriers, une partie du bois et du charbon et en brûlant le reste, ils incendièrent la forêt. D’où procès. Les habitants de Rabat furent condamnés à payer une amende au propriétaire et à restituer en nature les biens volés. Mais comme deux ans plus tard ils n’ont rien rendu, un nouveau procès les condamne à payer des dommages et intérêts.

Les incidents avec les communes continuent car Bergasse, pour faire du charbon, poursuit l’exploitation des bois sans retenue. Les communes protestent auprès du Ministère de l’Intérieur, les gendarmes établissent des constats mais les coupes continuent.

Paulette Laguerre & Juliette Laguerre

1 Jour – 1 Légende

L’histoire d’un mignon petit chaton

Une dame de gourbit m’a raconté l’histoire d’un joli petit chaton.

C’était jour de marché à Tarascon. Deux hommes du village était descendus vendre des moutons. La journée c’était bien passée, la vente de leurs moutons avait rapporté de quoi nourrir la famille. Après un petit tour à l’auberge pour arroser leur chance, ils décidèrent de remonter le Cariet 

A mi-chemin, ils trouvèrent un petit chaton noir. Un des hommes le ramassa et l’enfourna dans sa besace.

— Voila qui fait mon affaire, il chassera les souris ricana-t-il.

Ils reprirent la montée, et oublièrent le chaton, instinctivement l’homme changea sa besace d’épaule.  Ami-chemin, ils réalisèrent que le chat ne cessait de grossir, mais cela n’affola pas l’homme, il tenait à son chat.

— Quelle chance, il chassera les rats de la grange, annonça-t-il satisfait.  

Le chat grossissait toujours, il avait maintenant la corpulence d’un gros renard. L’homme peinait de plus en plus. C’est haletant, à moitié étouffé par la bête qu’il franchit les derniers lacés, et ce malgré les injonctions de son compère de ce débarrasser dans le ruisseau de cette bête. Il commençait à trouver de la  diablerie dans ce chat.

Je pense que tu as enfermé le diable dans ton sac, l’avertit son compagnon, qui se signa, et récita une prière pour se protéger du Démon et de ses serviteurs.

Ils durent faire halte tant la bête s’agitait dans le sac. L’homme avait à peine posé sa besace à terre que le chat, déchira la toile et sortit comme une furie, les poils hérissés, les yeux flamboyants et cria :

Bien té bal qué mas  abaichà

Heureusement pour toi que tu m’as posé.

Et comme un éclair, il disparut dans la montagne, laissant derrière lui une traînée jaune nauséabonde.

1 Jour – 1 Légende

Le Mount ou le « Roc del mietjourn

Ce rocher était aussi nommé  «Milieu du jour » par les habitants du village, car en été le soleil est à sa verticale, tous les jours, à midi.

 Le jour du solstice d’Eté le soleil à midi se place  passe entre les deux roches de sa cime. En hiver, le soleil se couche avant d’avoir atteint ce mont, il ne le dépasse qu’un certain jour de juin, toujours le même. Or ce jour là dans le bon  vieux temps, deux habitants du village avaient pris l’habitude de venir s’asseoir près de la croix  sur la place. Il faisait un pari sur le passage du soleil entre les deux rochers à la cime do Mount. «  Il passera ou passera pas ? »

Le Gustou disait :

  • Yéou, té didi qué passera. (Moi je te dis qu’il passera )

Et le Clovis de répliquer :

  • Eh yéou té qué nou passera pas. (Et moi je te dit qu’il ne passera pas)

Et tous les ans, il passait juste au dessus du menhir.

La légende du roc du milieu du jour

Tous les ans, des bergers et vachers de la vallée de la courbière,  montaient tous les ans, faire paître leurs bêtes sur les flancs du roc del mietjourn. A mi chemin ils avaient construis des petites cabanes, pour se  mettre à l’abri la nuit.

Un soir à la tombé de la nuit, un homme épuisé se présenta à eux, et demanda l’hospitalité pour la nuit, un peu de lait de brebis, et une place sur leur lit de fougères. Ce fut un beau tollé les cabanes étaient déjà assez étroite pour eux et leurs chiens, alors une personne de plus il ne fallait pas y compter, ils refusèrent. Basile, le plus jeune eut pitié du voyageur, il lui offrit une écuelle de lait de brebis et lui laissa sa place sur sa paillasse de fougères, et partit  dormir à la belle étoile dans le creux d’un rocher.

Le lendemain, le Christ (et oui encore lui) demanda au jeune pâtre de vite rassembler son troupeau et de descendre dans la vallée avec comme recommandation :

  • Quoique puisse se passer ne te retourne pas !

Le jeune pâtre fit ce que l’homme lui commandait. Alors qu’il descendait le flanc de la montagne en direction de Gourbit, il sentit le sol trembler et un grand bruit au dessus de sa tête. Oubliant  la recommandation de Jésus, il se laisse convaincre par la curiosité et se retourna et eut le temps de voir des masses d’eau engloutirent les mauvais bergers et leurs  bêtes, avant d’être  transformé en pierre.

1 Jour les crêpes de la chandeleur à Gourbit

Les crêpes de la chandeleur

Le jour de la fête de notre dame de la chandeleur, ma  Méninou  comme j’aimais la surnommé, tant elle était douce et bonne, me faisait un plat de délicieuses crêpes. C’était toute une cérémonie pleine de superstitions transmises de mères en filles.

Dans la cheminée Méninou commençait à installait des bûches d’aulne, un bois qui  produisaient une flamme douce et régulière. Avant de commencer  la préparation de la pâte elle me demandait

  • Et le  fant !  chasse les chats de la cuisine, et ferme la porte, afin que personne ne nous dérange.

Et comme tous les ans, papi avant que sa femme ne se  mettre au travail,   préparait le fusil  avec du gros sel.

Après toutes ces précautions, la confection des crêpes pouvait commencer. Assise sur une cadièrou (petite chaise basse) Méninou tenait  dans sa main une louche à  long manche,  tandis qu’à côté d’elle dans une grande jatte de terre cuite, reposé une pâte onctueuse sentant bon la fleur d’oranger.

Piqué au bout d’une fourchette un gros bout de lard servait à frottait la plaque. Meninou y versait délicatement une louchée de pâte sur l’ustensile, en l’étalant dans  un mouvement giratoire avec la raclette.

Je savais que la première crêpe ne serait pas mangée, elle servait de porte bonheur pour l’année à venir. Meninou y plaçait une pièce de vingt sous en argent ; elle repliait la crêpe en quatre et disait :

  • A toi le fant.

Je lançais de toutes mes forces les crêpes sur le haut de l’armoire et Pépi faisait claquer  un coup de fusil vers le haut de la cheminée. Pourquoi  me demanderez-vous,  il ne fallait ni chats, ni voisins dans la cuisine ? et pourquoi le papi tirait un coup de fusil dans la cheminée ? en voici l’histoire que Meninou m’a contée.

La légende des crêpes et des sorcières de la Chandeleur

Une fois dans notre village, une Gourbitoise confectionnait des crêpes pour la fête de notre dame de la chandeleur.  Elle avait laissé  la porte de la cuisine ouverte, aussi vit-elle entrer une grosse chatte noire, qui vint s’asseoir sur son derrière dans le cantou, au pé del foc (au pied du feu). Avec ses gros yeux globuleux, elle surveillait la fermière qui depuis l’arrivée du chat dans la pièce loupait toutes ses crêpes. Alors elle se souvint des recommandations  de sa mère et en  déduisit que cette chatte n’était qu’une sorcière, elle l’avait embreyché. Pour contrecarrer le mauvais sort, elle cria à la bête :

— Je te doute, tout en lui lançant sur le museau une crêpe brûlante.

La chatte noire se sauva en miaulant de douleur, et les crêpes suivantes furent toutes réussies.

Le lendemain sa voisines  de donna aucun signe de vie, ses volets restèrent clos toute la journée. Inquiète, notre fermière croyant sa voisine malade alla la voir. Elle la trouva gémissant au lit, une serviette humide enveloppait tout son visage.

  • Eh ! la Justine, t’ai malade ?
  • Eh  hypocrite ! tu le sais puisque c’est toi qui m’as brûlé hier avec ta crêpe, mais je me vengerais, croix de bois et  tu me le payeras au centuple.

Avec l’aide  du Diable elle mit sa vengeance à exécution dès le lendemain matin. Quand notre fermière voulut sortir sa poule du pot, elle avait disparue. Et les  jours suivant, lorsqu’elle ouvrit sa bourse les billets s’étaient transformés en feuilles de tilleul.

Notre Gourbitoise alla conter ses malheurs au curé ? qui lui conseilla d’appliquer la recette des femmes de la vallée de Saurat.

  • Lors de la Chandeleur prochaine, tu feras comme ma mère et ma grand-mère avant elle : tu mettras les chats dehors, tu fermeras ta porte à clef. Et à près avoir fait sauter ta première crêpe, son odeur attirera les sorcières dans la cheminée,  ton homme tirera un coup de fusil pour les  mettre en fuite. Tu apprendras à tes filles la chanson suivante :

« Pour avoir de l’argent toute l’année, du pain blanc et du bon vin,  n’oublie pas de jeter ta première crêpe renfermant une pièce d’argent sur l’armoire. Pour ne pas être ensorcelée, n’omet pas de fermer toutes les ouvertures de la maison, il ne faut ni voisin, ni voisines, ni chat dans la cuisine. »

Les montagnes de Gourbit jusqu’à la révolution

Ainsi jusqu’à la révolution, les droits et privilèges sont maintenus et respectés : Rabat, Gourbit et Bédeilhac ont le droit de dépaissance des bêtes, le droit au bois de chauffage, au bois de construction et de réparations de leurs demeures sur l’ensemble des bois, forêts et montagnes.

Surba a les mêmes droits sauf sur le canton du Débes del Ressec, mais doit donner chaque année une mesure d’avoine par feu allumant au propriétaire.

Banat a droit de dépaissance et droit au bois en donnant chaque année une mesure d’avoine par feu allumant au propriétaire.

Génat a droit de dépaissance sur les montagnes de Gourbit et celui de prendre 3 charges de balèges par an moyennant une somme de 50 F.

Illier et Orus ont un droit de dépaissance sur bois et montagnes moyennant 2 boisseaux d’avoine par feu allumant à donner chaque année.

Lapège a droit de dépaissance sur bois et montagnes de la commune de Gourbit contre une mesure d’avoine par feu allumant à donner chaque année.