La source des Gours
Sans eau, l’homme ne pourrait pas vivre. C’est pour cette raison, que les civilisations, les religions ont toujours donné aux sources qui naissent de la Terre un caractère mythique. Qu’elle tombe du ciel, qu’elle jaillisse de la terre, qu’elle coule sur une pente, l’eau est l’objet de vénération, depuis les temps les plus anciens. Voilà une légende de chez nous s’y rapporte.
La légende du Génie de la source des Gours
Les fontaines ont été peuplées de génies, de fées, de magiciens, de sorciers, de héros, de saints et de saintes… Nos sources de montagnes ne faillirent pas à la tradition.
Henriette, habitait le haut du village, la jeune fille, devait tous les jours commencer sa journée en allant puiser une cruche d’eau à la source des Gours. Le plus dur était de remonter, le récipient plein, car la montée de l’église était abrupte.
Un Cop ! (Un jour), elle aperçut un génie de l’eau assis sur une pierre près de la source. A sa vue, Henriette eut peur, car ces génies, avaient très mauvais caractères il ne fallait surtout pas les contrarier, ni se plaindre de la température de l’eau, ni les insulter car ils asséchaient la source. Cependant elle remplit sa cruche sans prononcer un mot, alors qu’elle se relevait, le génie de l’eau lui dit :
- Voulez-vous que je vous aide à mettre cette cruche sur votre tête, la belle ?
- Non merci ! Je n’ai besoin de personnes.
En disant cela la servante posa prestement la cruche sur sa tête et s’en alla sans regarder derrière elle. Elle craignait qu’il ne lui jette quelques sorts.
Le lendemain matin et les matins suivants, elle aperçut encore le génie assis et chaque fois il lui renouvelait l’offre de l’aider ; chaque fois aussi elle refusait.
Mais peu à peu elle s’habitua à le voir et eut moins peur de lui. Un matin tandis qu’il lui répétait son offre :
—Voulez-vous que je vous aide à mettre cette cruche sur votre tête la belle ? Elle répondit en souriant :
— Bien volontiers, c’est tellement lourd
Le génie se leva tout satisfait, posa bien légèrement la cruche où il fallait, puis montra à la servante une pierre plate au bord de la fontaine :
— Regarder sous cette pierre, toutes les fois que vous viendrez puiser de l’eau, lui dit-il, vous y trouverez quelque chose pour vous, dont il vous est défendu d’en parler à quiconque.
Le lendemain la servante n’aperçut pas le génie assis au bord de la fontaine, cela lui donna toute liberté de contenter sa curiosité. Elle souleva la pierre, et trouva sous la pierre une pièce en or. Et tous les jours qui suivirent, il y eut sous la pierre une nouvelle pièce d’or, si bien qu’en peu de temps la jeune servante se trouva riche. Elle acheta une chaîne d’or, des boucles d’oreilles pour se parer les dimanches. Les voisins commencèrent à jaser. Les maîtres surveillaient la servante, et prirent avec elle des précautions. Mais les précautions n’emmenèrent aucune fâcheuse découverte. L’honnêteté de la jeune fille rendait un compte exact des dépenses du ménage et rien ne se perdait à la maison. Mais puisqu’elle n’était pas voleuse, il devait donc être une mauvaise fille : car jasaient les voisins, d’où viendrait cette bague qu’elle vient encore d’acheter ?
Les villageois lui rendirent la vie si dure, qu’à la fin elle raconta d’où venait son argent.
Ce fut la fin de sa fortune, elle eut beau regarder tous les jours sous la pierre, elle n’y trouva plus de pièce d’or.
Il est de notoriété publique qu’il ne faut pas insulter l’eau des fontaines ou des puits sous peine de la voir disparaître. La Fuente Gloriosa en Aragon se serait arrêtée de couler pendant sept ans à la suite de blasphèmes proférés à son encontre. Les vieux ariégeois invitaient les étrangers à offrir au torrent une pièce d’argent ou une fleur afin de leur attirer la chance.
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