L’histoire d’une petite ourse lettone fait bouillir les élus ariégeois

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Jacques-Olivier Badia

Six élus ariégeois ont écrit le 22 juin à Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, pour mettre une nouvelle fois en cause la politique française sur l’ours. En cause : l’histoire d’une petite ourse lettone qui défraye la chronique.

Daté du 22 juin dernier et adressé à Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires, le courrier est signé des trois parlementaires ariégeois, Martine Froger, Laurent Panifous et Jean-Jacques Michau, de Christine Téqui, présidente du conseil départemental, de Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture, et d’Alain Servat, président de la Fédération pastorale.

Et son sujet est une nouvelle fois l’ours. Une petite ourse lettone, pour être précis, dont les aventures ont brièvement défrayé la chronique il y a un mois, avant de faire l’objet d’une enquête de nos confrères du Point parue ce dimanche 25 juin.

La mystérieuse arrivée en France d’une petite ourse

Bref rappel des faits. Le zoo de Riga, en Lettonie, recueille le 5 avril 2023 une oursonne trouvée par des chasseurs, un animal que les autorités lettones, instruites par l’expérience, ne comptent pas tenter de sauver.

Mais le 25 mai dernier, Tanie (c’est son nom), atterrit à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, dans des circonstances mystérieuses et sans les certificats habituellement exigés pour le transport d’animaux sauvages, avant de rejoindre un zoo-refuge d’Eure-et-Loir. Lequel lance quelques jours plus tard un appel pour que se manifeste un pays hôte où relâcher l’oursonne.

Et la cacophonie enfle, entretenue par le mutisme du ministère de la Transition écologique, qui se borne à affirmer que Tanie ne sera pas relâchée en France, sans jamais dire comment l’animal a pu finir en Eure-et-Loir.

Une « situation scandaleuse »

« Considérer cette situation comme navrante serait peu dire. Elle est à proprement parler scandaleuse, assènent les élus ariégeois dans leur courrier. Elle est clairement le résultat du sentiment de toute-puissance d’un haut fonctionnaire d’Etat, relevant du ministre de l’Ecologie, qui a manifestement usé de ses relations et de sa situation pour s’affranchir de ces règles […] ».

Et d’enfoncer le clou : « Ce dossier remet également en perspective les échanges ou les rencontres que nous avons eus ensemble sur ce dossier. Si nos contacts dans vos bureaux, à la fin de l’année passée (le 27 octobre 2022, NDLR), ont été constructifs […], nous sommes cependant obligés de constater que les actions n’ont toujours pas été, à ce jour, à la hauteur des intentions. Ce jugement serait renforcé si, un instant, il était envisagé que notre territoire accueille cet ourson lettonien (sic) dont l’arrivée en France est digne d’un mauvais scénario. »

« Si on paye pour la Lettonie, on peut payer pour le Couserans »

En marge d’une assemblée plénière consacrée aux comptes administratifs, Christine Téqui a exprimé plus clairement ses interrogations, le lundi 26 juin: « Si c’est arrivé, cela veut dire qu’il peut y en avoir eu plein d’autres avant, et face à une démographie galopante de l’ours, ça jette quand même le trouble. » Tandis qu’Alain Naudy pointait le fait que si le zoo-refuge « ne s’était pas un peu vanté de tout ça, on ne l’aurait jamais su. »

En d’autres termes, que personne n’ose vraiment exprimer : le nombre d’ours en Couserans ne serait-il pas lié à des réintroductions irrégulières, plutôt qu’au solde naturel de la population ursine en Ariège ?

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