1 jour – 1 légende

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L’église

L’hiver finissait lentement. Ce soir-là, à la douce chaleur du feu de la cuisinière à charbon, mon grand-père paternel nous raconta une légende qui remontait aux temps très anciens. Je l’écoutais tout ouie. Il fait dire que c’était un bon conteur le papi Laguerre et moi naïf  je gobais toutes ses histoires.

La légende du cultivateur et la Vierge

En ce temps là Gourbit était un hameau d’une vingtaine de chaumières. Pas d’église, et encore moins de mairie. Les paroissiens se rendaient aux offices à Carnies.

Un dimanche un cultivateur du village labourait son champ près du Sarat. Il fut surpris de voir son attelage de ses deux bœufs réunit par un joue s’arrêter et malgré le fouet ne pas vouloir aller plus loin. Il leur fit faire demi-tour et tracer un autre sillon. Mais revenu au même endroit les bœufs s’immobilisèrent une fois de plus,   refusant à nouveau de faire un pas de plus. Il cria

« Malheur ! Je suis enbreycha (ensorceler) et il se dépêcha de se signer. »

Pensant que l’Alphonsine, la Brèicho était de la partie, il  descendit à Carnies chercher le curé,  sa croix et son eau bénite. Mais après les prières de désenvoûtement, le pauvre cultivateur se retrouvait au même point, les bêtes refusaient toujours d’avancer. Le curé s’agita et lui dit :

  • C’est un ben grand malheur ! mon gars, ben grand malheur ! t’as offensé nout’bon Dieu en travaillant un dimanche, Il faut que tu récites plusieurs Pater pour te faire pardonner.

C’est ce que fit notre cultivateur tout contrit. Mais le lendemain la même chose se reproduisit. Il alla chez lui chercher pioche et pelle, et  sous les yeux d’une  partie des  Gourbitois que le phénomène avait attiré,  il creusa  devant les pattes des bœufs, la parcelle de terre. Après plusieurs coups de pioche, il mit à jour une statue de la vierge. Le curé la descendit à la chapelle de Carnies, où le lendemain elle avait disparue pour revenir à Gourbit dans le même champ.

On cria au miracle dans le village. Les habitants du petit hameau de Gourbit construisirent à cet emplacement une petite chapelle de bois pour mettre la statue à  l’abri et ils prirent l’habitude de venir y prier. Au fil des ans, ils l’agrandirent et un jour, un curé monta habiter Gourbit.

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