Article du journal La Dépêche
Clémentine Rivière
7–9 minutes
l’essentiel Passionné d’astronomie depuis l’enfance, Philippe Tosi, qui propose des journées et nuits d’observation du ciel depuis plus de 25 ans, va bientôt concrétiser son rêve : celui de construire, d’ici deux ans, un observatoire dans la vallée de Vicdessos, en Ariège.
Quand il commence à parler de sa passion, plus rien ne l’arrête. Pour cela, il faudrait sûrement le laisser derrière son télescope des heures durant à admirer les étoiles. Philippe Tosi c’est un gros dossier en Ariège, il le dit lui-même. Un nom loin d’être inconnu puisque ce féru d’astronomie fascine : il fabrique depuis l’âge de 13 ans ses propres télescopes. C’est donc non sans une certaine excitation que l’astronome vient d’acquérir un terrain de 1300m², à Vicdessos, pour construire un observatoire. Le deuxième en Ariège après celui de Sabarat.

En attendant, depuis plus de 25 ans, un peu comme un nomade, cet homme volubile d’une cinquantaine d’années balade avec lui ses télescopes pour proposer des observations de jour comme de nuit au port de l’Hers, à la station de ski du Goulier ou encore sous la halle de Vicdessos. « Même en été quand on est sur un parking goudronné, l’air est tellement bon ici, en Ariège, que les images ne sont pas affectées. Les conditions sont assez fantastiques », reconnaît, sourire aux lèvres, Philippe Tosi, qui est également conférencier et responsable animation du planétarium de Nîmes où il conçoit et présente des séances pour le public et les groupes scolaires.
Grand écran de projection et télescopes transportables
Mais le conférencier fait régulièrement des allers-retours car chez lui c’est bien à Vicdessos où il vit dans la maison de ses grands-parents. Un village d’à peine 600 âmes. Ces derniers tenaient l’ancienne coopérative à Auzat. « Quand j’ai eu 7 ans, mon grand-père m’a montré la lune à travers ses anciennes paires de jumelles de l’armée. Elles possèdent une qualité d’observation que n’ont pas des jumelles modernes. C’est à ce moment-là que j’ai eu le déclic. Vous avez le ciel étoilé et vous pouvez distinguer tous les cratères, c’était incroyable », se remémore-t-il. Aujourd’hui, ce ciel d’une rare qualité, il l’observe en 3D avec une paire de jumelles beaucoup plus imposante. « Plus ça va, plus que je trouve que c’est lourd », glisse-t-il toutefois en riant. C’est d’ailleurs à quelques pas de sa maison familiale que son nouvel observatoire verra le jour.

« On ne savait pas que le terrain était à vendre, alors quand je l’ai appris, je n’ai pas hésité une seconde ! », précise le professionnel déjà conquis par ce terrain vierge recouvert d’herbe et présentant moins de turbulences au niveau du sol pour des images encore plus impressionnantes. Le bâtiment de catégorie 5 pourra accueillir une vingtaine de personnes. Il disposera d’un étage avec un toit ouvrant pour accéder à quatre télescopes. La salle du rez-de-chaussée permettra quant à elle de se regrouper et de pouvoir observer sur un écran de projection les images retransmises en à peine trente secondes. Un dispositif possible grâce au boîtier du conférencier fixé directement au télescope. « C’est un peu le clou du spectacle car les gens pourront repartir avec leurs images. L’avantage de l’appareil photo, c’est qu’il accumule la lumière, on peut distinguer plus de détails à l’œil », précise Philippe.

Et pour les personnes en situation de handicap notamment, le professionnel a déjà tout prévu : le télescope descendra directement à eux. Le public disposera en effet d’une plateforme d’observation de 25m² à l’extérieur du bâtiment avec des télescopes transportables.
Une future collaboration avec le CNRS de Grenoble
Cet engouement il n’est pas le seul à l’avoir, la mairie et les habitants ont hâte de voir ce bâtiment sortir de terre. « C’est un projet auquel personne n’avait pensé jusqu’à maintenant car ce n’était pas la culture du département, ici on est plutôt dans un coin sportif avec le ski, les randonnées, le VTT, le parapente. Moi ça fait plusieurs années que j’essaie d’implanter cette passion ici, et maintenant, on officialise la chose », souligne le responsable. L’observatoire devrait prendre forme d’ici deux ans.
Même si Philippe s’est baladé un peu partout en Europe et même jusqu’en Norvège, aux îles Fortun, pour admirer les différents ciels, il n’a jamais eu envie de quitter définitivement cette vallée où il a toutes ses racines. Dans cette maison familiale, il dévoile ainsi ses télescopes fabriqués dans son atelier de Nimes. Il compte bien créer un second atelier dans son nouvel observatoire, à l’abri des regards. Au total, il a fabriqué de ses mains 18 télescopes nécessitant pour chacun pas moins de huit mois de travail comme ce télescope Dobson qu’il embarque toujours avec lui. « C’est un instrument très vite monté et installé, ça a été conçu par John Dobson dans les années 80. La configuration optique est faite d’un miroir parabolique avec un faisceau replié. Un système conçu par Newton en 1654 et qui marche toujours ! « , dit-il en riant.


Éclipse totale solaire d’un million de degrés, extinction d’une étoile, nébuleuse en tête de cheval ou coucher de lune, Philippe en a pris plein la vue depuis toutes ces années mais peu importe, dès qu’il regarde les milliers de photos sur son ordinateur, ses yeux s’écarquillent. Il commente et retrace le spectacle 100% naturel qu’il vit tous les jours.
D’ailleurs, le conférencier va très prochainement travailler avec le Centre national de recherche scientifique (CNRS) de Grenoble qui propose un bulletin de météo solaire dans plusieurs pays d’Europe et d’Afrique. « L’objectif sera de faire des photos du soleil en haute résolution et de participer à cette prévention météo », se réjouit déjà le passionné.
Pour en savoir plus et se renseigner sur les différentes cessions d’observation du ciel, rendez-vous sur le site internet de Philippe Tosi : photoastro.com.
Très intéressant merci Philippe d’avoir partagé cet article