La corrida à Gourbit
Un point amusant sur la photo, au second plan sur la façade est-ce de la publicité pour l’épicerie ?
de Paulette Laguerre
Au temps passé, oublié, courait beaucoup de ouï dire sur les lavandières de la nuit. L’un les avait vues, l’autre entendu chanter, l’un le tenait de son grand-père, un autre ne savait plus de qui, mais ils affirmaient tous que leurs histoires étaient véridiques.
En voici une qui c’est passée dans notre village, que m’a conté mon grand-père.
Disparition du marié
Tout la ville connaît l’histoire de la disparition du marié le jour de ses noces oui, mais pas la suite, mon papi Laguerre lui oui.
Le François du Traoucal et la Marie du Sarat, deux jeunes gens venaient d’unir leur destinée le jour même dans l’église de la Trinité de Gourbit. Pour fêter cette union, les deux familles, parents et voisins se réunirent le soir autour d’un asinat et des pescalhoux. Au cours du repas, le jeune marié encore vêtu de son costume noubial, un peu nerveux, se leva et annonça qu’il allait acheter du tabac. Le repas terminé, le François n’était toujours pas là. Les heures passèrent et l’inquiétude grandit.
Le François avait fait une mauvaise rencontre ? Commençait-on à se poser. Il faut vous dire qu’à l’époque, les loups descendaient roder dans le village. Et puis surtout, la nuit était dominée par les démons du mal qui sortaient : de terre, des ruisseaux, des grottes, des cimetières, pour tourmenter les vivants.
L’aube commençait à poindre, le marié n’était toujours pas revenu. Plus courageux avec la venue du jour, quelques hommes s’armèrent de bâtons ferrés et firent le tour du village. Malgré les recherches, prières et les signes de croix, le François resta introuvable. Les habitants organisèrent une battue en montagne qui ne donna rien. Personne n’entendit plus jamais parler de lui.
Ce que peu de personne n’a su, c’est qu’il y a eu un témoin de sa disparition. Mon grand-père me l’a conté quand j’eus l’âge de raison, elle était transmise de père en fils avec interdiction de divulguer ce secret de famille à des étrangers. Maintenant, je peux le dévoiler aujourd’hui, je ne risque rien car ces génies de la nuit on disparut du pays. Du moins nous le croyons, mais pour plus de tranquillité, dans beaucoup de maisons, nous gardons des croix à la tête du lit. On ne sait jamais.