Par Paulette Laguerre
La Moisson
agricole La moisson tout le monde le sait, c’est la récolte des céréales, les plantes de la déesse Cérés, le maïs, l’avoine, l’orge, seigle et puis surtout le blé. Sans grains de blé, pas de farine, pas de pain, pas de gâteaux. La déche ! C’est peut-être pour ça qu’on emploie le mot blé pour dire « de l’argent ». Quand on moissonne, on coupe et on ramasse en quantité. Dans le calendrier révolutionnaire, le temps des moissons, s’appelait messidor, c’est à dire « moisson d’or ». Ça fait rêver tout le monde. Cela dit, en attendant les moissons d’euros, contentons-nous de faire une moisson de souvenirs de savoir-faire oubliés, pour beaucoup d’entre nous, qui rappelleront aux générations d’aujourd’hui leurs racines.
Donnez-nous notre pain quotidien ! prêcher le dimanche le curé.
Le pain était la base de l’alimentation. Le pain avec le lait, les fromages, et les fruits, et le cochon constituaient la base de la nourriture montagnarde. Au début du Moyen Age, le pain était fabriqué à partir de farines de seigle, d’avoine ou d’orge, car en cette époque troublée, on privilégiait les céréales les plus rentables.
Comme les paysans de la plaine, les montagnards de chez nous s’adonnaient à la culture des céréales indispensable à leur nourriture comme à celle du bétail. Sur les versants exposés au sud ou au sud-ouest (l’adret) se trouvent les champs de blé en basse altitude, puis froment, orge, seigle).
Ces cultivateurs pratiquaient l’assolement triennal : durant trois ans, sur la même parcelle, se succèdaient une jachère, des céréales d’hiver (froment, épeautre et seigle) et des céréales d’été (orge et avoine). Le but de cette rotation étant de laisser reposer la terre, d’offrir une pâture aux bêtes et d’empêcher la repousse des mauvaises herbes. Les paysans travaillaient durement de leurs bras cette terre pour des rendements qui restaient soumis aux conditions climatiques, la neige, la pluie et le vent.
La moisson était pour l’homme un travail très pénible. Du matin au soir le dos courbé vers la terre. Ils utilisaient une faucille en forme de croissant, pour couper les céréales le plus ras possible du sol et récupérer la paille servant de litière aux animaux. Et tout ça le plus délicatement pour éviter de perdre le moins possible de grain. L’usage de la faux utilisée surtout en plaine, entraînait une perte de grains forcément plus grande qu’avec la faucille, sa manœuvre brutale faisant égrener un nombre considérable d’épis trop mûrs et son mouvement moins précis laissant en place une proportion d’épis elle aussi assez importante.
Une fois les céréales coupées, les femmes entraient en lisse : Elles liaient les gerbes, elles utilisaient pour cela un outil de bois appelé la billa de lligar, qui demandait à son utilisateur une grande dextérité. Puis le blé était apporté sur l’aire où le battage, séparation des grains de l’épi, se faisait aussitôt après la moisson. Cette aire de terre battue avait été longuement préparée avant l’opération. Venait le battage au fléau, corvée épuisante dont la cadence à quatre temps était scandée par la voix des moissonneurs.
Les jours suivants les glaneuses parcouraient les champs pour recueillir tout ce qui avait échappé au travail des moissonneurs. Cette tradition m’amène à ma légende :